vendredi 30 juin 2017

Études nordiques en France en 2017 : réflexions sur le IIe congrès de l’APEN


Le IIe congrès de l’Association pour les Études nordiques (APEN) s’est déroulé à Caen les 14-16 juin 2017. Voici, avec deux semaines de recul (et de repos), quelques réflexions sur l’événement et l’état des études nordiques en France.


Tout d’abord, il faut constater la vitalité et la grande envergure du domaine en question. Le congrès a réuni 90 personnes représentant 10 pays – tous les pays nordiques, France, Angleterre, Belgique, Suisse et Russie. Les deux conférences plénières et les 48 communications du congrès ont couvert plusieurs disciplines appartenant aux sciences humaines et sociales. Une telle envergure est rendue possible grâce à l’esprit d’ouverture qui, me semble-t-il, règne aujourd’hui dans les études nordiques en France. Les sujets ne proviennent plus d’un canon littéraire et culturel étroit, et les chercheurs reconnaissent de plus en plus l’intérêt des démarches inter- et pluridisciplinaires.

Dans le cas particulier du congrès de Caen, la grande envergure géographique et disciplinaire s’explique aussi par l’extension des réseaux de contacts institutionnels et personnels, et par la volonté de les mettre au service de toute la communauté. Nous sommes tous plus connectés qu’avant et chaque nœud de réseau est une voie d’accès à l’information et aux discussions qui enrichissent notre travail. Ces voies nous mènent non pas uniquement plus loin dans l’histoire et l’actualité des pays nordiques, mais aussi vers les pays limitrophes de l’espace baltique ou de Barents par exemple. Ce sont des ouvertures tout à fait bienvenues.

Aujourd’hui, le monde nordique en France est polycentrique, avec plusieurs institutions situées dans des villes différentes et qui mènent des politiques de recherche actives. Il héberge en son sein des chercheurs avec une formation universitaire française mais aussi d’autres issus de traditions académiques diverses, dont la nordique est bien représentée. Cette diversité fait coexister des démarches, des méthodes et des pratiques différentes. Dans le meilleur des cas, une démarche de découverte d’une culture étrangère dialogue avec une démarche d’autoréflexion critique issue de l’intérieur de cette même culture. La recherche ne saurait avancer sans les deux.

En écoutant les communications, j’ai cherché une métaphore capable d’exprimer en même temps la diversité et la cohérence des études nordiques en France en 2017. Je n’ai pas trouvé mieux que l’image d’une mosaïque stratifiée. Cinq États indépendants et plusieurs régions avec un statut particulier ; une multitude de langues ayant un statut officiel ; des cultures majoritaires et minoritaires, millénaires ou ayant récemment émergé ; une histoire qui remonte à 5000 ans (au moins) et crée de la cohésion mais aussi des divergences ; plusieurs méthodes, théories, disciplines, connaissances qui sont nécessaires pour apprendre à comprendre ce monde… et pourtant un sentiment de cohérence, de partage qui ressort à chaque instant. On respire bien.

Merci à tous les participants et à toutes les personnes ayant contribué à l’organisation du congrès ! Rendez-vous pour le IIIe congrès à Strasbourg en 2019.

Le blog part en vacances et revient à la rentrée. Merci à nos lecteurs et bon été à toutes et à tous !

Harri Veivo

L’auteur est professeur au Département d’études nordiques de l’Université de Caen Normandie.

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