mercredi 15 février 2017

La transparence des pays nordiques, un exemple parfait ?

Les pays nordiques sont généralement connus pour être des modèles écologiques, scolaires et une exemplarité dans la vie politique. En effet, sur les questions de transparence, corruption et autres sujets qui font si fréquemment scandale sous nos latitudes, les pays nordiques peuvent se vanter de figurer dans le haut du classement des pays les moins corrompus au monde de l’organisation Transparency international. Dans son rapport de 2016, le Danemark était pays le moins corrompu et le plus transparent au monde, suivi respectivement par la Finlande et la Suède. La Norvège n’arrive qu’en cinquième position, à égalité avec les Pays-Bas et derrière la Nouvelle-Zélande[1].


Malgré cette réputation exemplaire, les pays nordiques estiment qu’ils peuvent s’améliorer, comme peuvent en témoigner les scandales (plus rares qu’en France) qui surviennent occasionnellement. Dernièrement l’Islande a été un des pays les plus médiatisés avec la mise en cause de son premier ministre de l’époque, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, lors des Panama papers. Il s’agissait de révélation de documents sur des sociétés offshore pour évasion fiscale. Le Premier ministre a démissionné deux jours après les révélations, suite aux fortes manifestations des citoyens et au fait que son parti ne le soutenait plus.

La Suède a également connu plusieurs cas de démission suite à des affaires. L’exemple le plus célèbre est dans les années 1990 avec Mona Sahlin, alors ministre du travail, qui démissionne suite au scandale de « l’affaire Toblerone». Elle avait acheté, avec sa carte gouvernementale, pour un peu plus de 50 000 couronnes (soit environ 5 000 euros) pour des achats privés dont le chocolat qui a donné son nom au scandale. L’affaire conclut par la suite à un non-lieu notamment parce qu’elle avait remboursé plus que le montant initial.

En novembre 2016 dernier, le Premier ministre finlandais, Juha Sipilä a été soupçonné de « népotisme » lorsque son gouvernement a financé la société Terrafame. Plusieurs membres de sa famille font parties de la direction de la société Katera Stel qui a reçu des commandes importantes de la part de Terrafam. Après plusieurs déclarations faites de la part de Sipilä au délégué juridique du Parlement, aucune suite n’a été prise.

Toujours en Finlande, quelques années auparavant, c’était un autre Premier ministre centriste, Matti Vanhanen, qui avait été éclaboussé par des soupçons de corruption et trafic d’influence dans les financements du parti du Centre et de campagnes électorales. Il avait annoncé sa démission en décembre 2009 pour juin 2010.

En Norvège, c’est la franco-norvégienne Eva Joly (connue pour avoir été juge en France dans des affaires de corruption) qui a avait fait plusieurs scandales dans les années 2000. Par exemple, à l’époque fonctionnaire en tant que conseillère spéciale pour le ministère de la Coopération, elle avait payé avec sa carte professionnelle le restaurant et en plus un pourboire. C’est ce dernier point qui est jugé extravagant par ses concitoyens norvégiens. Eva Joly avait aussi fait scandale en faisant des notes de frais pour ses déplacements en taxi.

La transparence dans les pays nordiques est un fait ancien et normalisé. Par exemple, en Suède, les notes de frais des ministres sont consultables par n’importe quel citoyen. En Norvège et en Finlande les déclarations de revenus et d’impôts sont publiques.

Les hommes et femmes politiques nordiques ont beau démissionner plus ou moins rapidement lorsqu’ils sont pris dans un scandale lié à la corruption, au trafic d’influence ou bien à la mauvaise gestion de l’argent public, cela ne signifie pas pour autant un retrait définitif de la vie politique. Il s’agit surtout de ne plus exercer une fonction pour laquelle le peuple a donné sa confiance, le temps que la justice rende son verdict, afin de ne pas ternir leur image et celle de leur fonction. En règle générale, une fois blanchis, ils reviennent assez vite en politique et réussissent souvent à obtenir de nouveau la confiance populaire dans les scrutins. Les pays nordiques ne sont pas donc toujours parfaits mais leur exemple reste certainement à suivre…


Marie Cazes

L’auteure est doctorante à l’Université de Caen Normandie





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire