La Finlande semble appuyer
toujours plus fortement sa promotion touristique sur la musique metal.
L’évènement Capital of Metal, dont le but est de choisir
quelle ville finlandaise sera la capitale mondiale de la musique metal, ou
encore l’un des derniers articles
parus sur le site Voici la Finlande et intitulé « Prof d’université et
chercheur spécialisé metal »[1],
en sont des exemples significatifs. Cependant, l’absence de groupes porteurs
d’un renouveau ou d’une évolution pourrait laisser craindre un essoufflement de
ce courant en Finlande mais aussi dans les autres pays nordiques.
Il serait bien prématuré de
parler de l’agonie du metal nordique, comme il avait été évoqué pour le cas de
la Finlande dans un précédent article sur ce blog. Des groupes fondés il y a
maintenant plus d’une vingtaine d’années tels que Dimmu Borgir pour la Norvège,
Amon Amarth pour la Suède ou encore Nightwish pour la Finlande, parviennent
encore à entretenir leur longue carrière à travers la sortie régulière d’albums
et l’organisation de tournées à travers les différents continents.
La scène nordique
serait-elle cependant pas en train de s’essouffler du point de vue des thématiques
évoquées ? Les années 1990 ont symbolisé une période de remise en question
de la société moderne et de la religion chrétienne dans le metal nordique,
entrainant de fortes dérives notamment en Norvège avec l’incendie de plusieurs
églises entre 1992 et 1993. Les années
2000 ont été marquées par deux éléments importants : d’une part la
victoire de Lordi à l’Eurovision, redorant à l’occasion le blason terni de la
scène metal nordique auprès du grand public et, d’autre part, l’explosion du
nombre de groupes ainsi que la diversification des sous-genres. C’est durant
cette décennie que le metal dit
« folk » connaît un franc succès, avec des groupes tels qu’Ensiferum,
Korpiklaani ou encore Finntroll, pour le cas de la Finlande.
Qu’en est-il alors des années
2010 ? Il semblerait que de nouveaux sujets fassent doucement leur
apparition au sein de la scène nordique. Nous pouvons notamment penser à la
question des genres ainsi qu’à celle de l’écologie, sujets qui sont déjà au
centre des préoccupations depuis plusieurs années dans les pays nordiques. De
plus en plus de groupes se retrouvent menés par des femmes, tant dans la
composition des musiques que dans l’écriture des textes, à l’instar de
Myrkur au Danemark et Sylvaine en
Norvège. En tenant un rôle actif dans la création artistique et dans le choix
des sujets abordés, ces femmes montrent
qu’il est tout à fait possible de sortir du rôle d’être, voire même de "chose"
fragile, souvent imposé au genre féminin dans la culture populaire. En ce qui concerne la Finlande, c’est
l’écologie qui semble être progressivement placée au centre des préoccupations,
dans le contexte de la scène metal, notamment à travers le groupe Oranssi
Pazuzu, considéré comme l’un des nouveaux espoirs de la musique alternative
finlandaise[2].
Avec l’ouverture à des
thématiques plus ancrées dans les débats sociétaux actuels, le genre metal
semble trouver un nouveau souffle au sein des pays nordiques. Seules les années
à venir confirmeront ou infirmeront ces pistes concernant ce genre musical qui,
malgré ses caractéristiques extrêmes, bénéficie d’un accueil désormais positif
et d’une influence certaine au sein de la région nordique.
Lise Vigier
L'auteure est doctorante à
l'école doctorale 558 Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage / Université de
Caen Normandie.
[1] Consultable sur lien : https://finland.fi/fr/vie-amp-societe/prof-duniversite-et-chercheur-specialise-metal/
[2] Selon l’article du journal finlandais
Helsingin Sanomat consultable sur ce lien : https://www.hs.fi/kulttuuri/art-2000005275719.html
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