A un peine un mois des élections parlementaires, le
Premier ministre, Juha Sipilä (parti du Centre) a posé la démission du
gouvernement[1],
vendredi 8 mars, en pleine campagne électorale, prenant beaucoup de monde par
surprise.
Le 14 avril[2]
les Finlandais-e-s seront appelés aux urnes pour élire les 200 députés qui
composent l’Eduskunta, le parlement.
L’issue de ces élections aboutit également à un nouveau gouvernement, et
la République de Finlande étant dotée d’un régime plus parlementaire que
présidentiel, les enjeux sont importants.
La question de la réforme du système social et de santé
est une des plus importantes dans les débats pour ces élections. Effectivement
le gouvernement Sipilä, qui voulait mener à bien la réforme du système
social et de santé (connu sous le nom de sote
en finnois) au cours de cette législature, a échoué après de très nombreuses
études, discussions et négociations[3].
C’est cet échec qui a conduit le Premier ministre Sipilä à donner sa démission.
Depuis le début de son mandat il avait pour credo « tulos tai ulos »,
soit en français, « des résultats ou dehors ».
Cette réforme très ambitieuse vise à changer le fonctionnement
et la gouvernance des services sociaux et de santé qui sont à l’heure actuelle à
la charge des 311 municipalités. L’idée est de centraliser ces services à un
niveau régional, mais les partis ne sont pas tous d’accord sur le nombre de
régions et sur d’autres modalités.
Bien que cette réforme vienne de faire tomber le gouvernement,
elle devra être poursuivie par le prochain gouvernement car le vieillissement
de la population et la baisse de la natalité exigent des solutions pour
maintenir les services de santé tout en endiguant la hausse de leur coût. Même
si les consensus et compromis entre l’ensemble des partis semblent encore
nombreux sur ces questions, la réforme est nécessaire.
Pour les autres thématiques de cette campagne électorale,
le parti des Finlandais (Perussuomalaiset- droite radicale populiste) tente de
faire de ces élections des élections de l’immigration depuis qu’un scandale de
viols sur mineures commis par des réfugiés et demandeurs d’asile ait ouvert la
campagne électorale en décembre. Le gouvernement a présenté un durcissement des
peines pour les personnes condamnées pour viol, ce qui a fait passer la
question de l’immigration au second plan. Néanmoins pour le parti des
Finlandais, qui a radicalisé son discours et ses propositions depuis l’arrivée
de Jussi Halla-aho à la tête du parti en juin 2017, ce thème de l’immigration est
central. Depuis plusieurs mois le parti semble
remonter dans les sondages[4].
En ce qui concerne les vainqueurs de ces élections
législatives, le parti Social-démocrate, qui vient de passer quatre ans comme
principal parti d’opposition, est en tête dans les derniers sondages et a de
fortes chances de mener la prochaine coalition gouvernementale. Le parti du
Centre qui dirigeait le gouvernement, est descendu à 14%[5]
d’intentions de votes alors qu’il était sorti vainqueur des dernières élections
avec 21% des voix. Certains voient dans la démission de Juha Sipilä une forme
de stratégie électorale pour tenter de reconquérir les électeurs déçus.
Le parti des Verts est pour le moment crédité de 13,7%
d’intention de vote alors qu’ils avaient recueillis 8,5% des voix en 2015. En
Finlande, la question environnementale tient une place assez importante dans le
débat public et par conséquent également en politique. L’écologie a eu la part
belle lors du premier grand débat pour les élections, organisé par YLE[6] jeudi
14 mars.
Marie Cazes – L’auteure est doctorante en science
politique à l’Université de Jyväskylä (Finlande)
[1] La
démission a été acceptée par le Président de la République, Sauli Niinistö,
mais le gouvernement reste en place comme gouvernement intérimaire, donc
seulement pour gérer les affaires courantes.
[2] A
noter que si le vote par procuration n’existe pas en Finlande, il est possible
de faire un vote anticipé (du 3 au 9 avril pour ces élections). Une pratique de
plus en plus populaire auprès des électeurs.
[3] Il
faut également préciser que le projet de cette réforme date d’il y a 14 ans et
qu’aucun gouvernement n’a encore réussi à réformer le système de santé.
[5] Ibid.
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