Contrairement au français oral de métropole qui présente aujourd’hui un important degré d’uniformisation sur la majorité du territoire, le norvégien lui, se décline en une multitude de dialectes. Tant employés par la classe politique que par les présentateurs à la télévision, les dialectes norvégiens représentent un pan éminent du sentiment d’appartenance à une identité nationale norvégienne. Tenter d’altérer son propre dialecte pour une variété plus « cosmopolite » lorsque l’on est une figure publique en Norvège revient ainsi bien souvent à s’exposer au mécontentement de la vox populi, exprimé à grand renfort de #knoting[1] sur les réseaux sociaux.
Toutefois, cette variation dialectale s’accompagne parfois de fortes disparités phonologiques et lexicales d’une variété à l’autre, ce qui n’est pas sans poser problème aux personnes immigrées[2] en Norvège dont l’apprentissage de la langue s’en trouve complexifié[3]. Interrogée par le média de service public NRK en fin février dernier[4], l’ancienne directrice de la Commission de recours en matière d'immigration[5] (Utlendingsnemnda) Ingunn-Sofie Aursnes a fait part de son inquiétude sur les difficultés de compréhension et d’accès à l’information posées par l’usage des dialectes dans le discours public vis-à-vis des populations étrangères. Son intervention faisait suite à une conférence de presse relative à la crise sanitaire du Covid-19 tenue par le ministre de l'Enfance et de la Famille (Barne- og familieministeren) Kjell Ingolf Ropstad, dont le dialecte de Setesdal[6] est jugé par Aursnes comme particulièrement difficile à appréhender. Selon elle, il est primordial que les informations transmises par les journalistes et le gouvernement puissent être comprises de tous, et préconise ainsi autant que possible le recours à une langue normalisée.Ropstad, quant à lui, considère que son dialecte constitue une partie intégrante de son identité. Bien qu’ayant déclaré reconnaitre la nécessité de s’exprimer publiquement avec clarté, celui-ci n’envisage pas pour autant d’abandonner l’emploi de son dialecte qui lui est cher. Le point de vue du ministre a notamment trouvé un soutien en la personne de Jenny Klinge, membre du Parlement (Stortingsrepresentant) rattachée au Parti du centre (Senterpartiet) pour le comté de Møre og Romsdal. Il n’est pas question pour elle non plus de porter atteinte aux pratiques dialectales de chacun, mais plutôt de donner les moyens à celles et ceux qui éprouvent des difficultés de compréhension à mieux maitriser les différentes variétés du pays. Jenny Klinge a en effet confié à la NRK[7] que de son point de vue, c’est avant tout à la maitrise lacunaire des bases du norvégien chez une partie des étrangers installés en Norvège que peuvent être imputées lesdites difficultés posées par la variation dialectale dans le pays.
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