jeudi 15 février 2018

La question des Samis


Depuis 1992, le 6 février est désigné comme la journée nationale des Samis, ce peuple autochtone dont la population vivant sur les territoires de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie est estimée à environ 100 000. Cette date a été choisie car le 6 février 1917 se tenait la première rencontre politique du peuple sami à Trondheim.


Les Etats de Finlande, Norvège et Suède reconnaissent la population sami comme une minorité et un peuple indigène dans leur constitution ou dans d’autres lois, et chacun de ces pays possèdent également un parlement Sami. Cela confère donc des droits spécifiques aux Samis, avec entre autres l’accès à l’éducation dans leur langue maternelle, le droit à l’auto-détermination, des régulations sur l’élevage des rennes, la préservation de leur culture… Les chaînes de télévision et de radio du service public finlandais, norvégien et suédois offrent aussi des programmes en sami du Nord (langue sami majoritaire).

Le chemin pour arriver à ces droits a été long puisque pendant très longtemps les Samis ont été discriminés et des politiques d’assimilation ont causé la disparition de certaines des langues samis. Ce n’est que dans les années 1970 que les mouvements activistes samis prirent de l’ampleur, comme par exemple la lutte contre le barrage hydroélectrique d’Alta, en Norvège,  avant d’arriver à l’acquisition d’un statut reconnu. En effet, la Suède reconnait les samis comme peuple indigène depuis 1977, et le Parlement sami de Suède est inauguré en 1993. La Finlande se dote d’une Délégation sami dès 1973, avant qu’elle soit transformée en Parlement Sami en 1995, année où les samis sont reconnus dans la Constitution finlandaise. En Norvège, le Parlement sami date de 1989 et le pays a ratifié le traité ILO 169 sur les droit des peuples et tribus indigènes. Ce traité n’a toujours pas été ratifié par la Finlande et la Suède en dépit de la demande et de la décision des Parlements Samis.

Si la situation des Samis s’est beaucoup améliorée au cours des dernières décennies, elle est encore loin d’être parfaite. En effet il est récurrent que les Samis doivent manifester contre des projets d’exploitations minières, ou autres exploitations des sols qui limitent les territoires sur lesquels leurs troupeaux de rennes se déplacent. Ou encore, comme ce fut le cas en Norvège en décembre, un éleveur de rennes s’est vu condamné par l’état à abattre une partie de son troupeau car il dépasserait le quota autorisé.

L’accès à l’éducation dans leur langue maternelle reste difficile. Selon un rapport du Finlandssvenska institut, en Finlande seulement 30% des enfants samis ont accès à une éducation en langue sami. Il faut aussi préciser qu’une majorité des Samis habitent dans d’autres régions que la Laponie.
Enfin des commissions de vérité et de médiation sont à l’œuvre depuis quelques temps, en Norvège, en Suède et en Finlande dans le but de clarifier et dévoiler les injustices commises par les états envers les Samis dans l’histoire. Ces derniers espèrent, entre autre, des excuses de la part des Etats.


Marie Cazes. L’auteure est doctorante à l’Université de Jyväskylä et de Caen-Normandie

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