Depuis 1992, le 6 février est désigné comme la journée nationale des Samis,
ce peuple autochtone dont la population vivant sur les territoires de la
Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie est estimée à environ
100 000. Cette date a été choisie car le 6 février 1917 se tenait la
première rencontre politique du peuple sami à Trondheim.
Les Etats de Finlande, Norvège et Suède reconnaissent la population sami
comme une minorité et un peuple indigène dans leur constitution ou dans
d’autres lois, et chacun de ces pays possèdent également un parlement Sami.
Cela confère donc des droits spécifiques aux Samis, avec entre autres l’accès à
l’éducation dans leur langue maternelle, le droit à l’auto-détermination, des régulations
sur l’élevage des rennes, la préservation de leur culture… Les chaînes de
télévision et de radio du service public finlandais, norvégien et suédois offrent
aussi des programmes en sami du Nord (langue sami majoritaire).
Le chemin pour arriver à ces droits a été long puisque pendant très
longtemps les Samis ont été discriminés et des politiques d’assimilation ont
causé la disparition de certaines des langues samis. Ce n’est que dans les
années 1970 que les mouvements activistes samis prirent de l’ampleur, comme par
exemple la lutte contre le barrage hydroélectrique d’Alta, en Norvège, avant d’arriver à l’acquisition d’un statut reconnu.
En effet, la Suède reconnait les samis comme peuple indigène depuis 1977, et le
Parlement sami de Suède est inauguré en 1993. La Finlande se dote d’une
Délégation sami dès 1973, avant qu’elle soit transformée en Parlement Sami en
1995, année où les samis sont reconnus dans la Constitution finlandaise. En
Norvège, le Parlement sami date de 1989 et le pays a ratifié le traité ILO 169 sur les droit des peuples et tribus
indigènes. Ce traité n’a toujours pas été ratifié par la Finlande et la Suède
en dépit de la demande et de la décision des Parlements Samis.
Si la situation des Samis s’est beaucoup améliorée au cours des dernières
décennies, elle est encore loin d’être parfaite. En effet il est récurrent que
les Samis doivent manifester contre des projets d’exploitations minières, ou
autres exploitations des sols qui limitent les territoires sur lesquels leurs troupeaux de rennes se déplacent. Ou
encore, comme ce fut le cas en Norvège en décembre, un éleveur de rennes s’est
vu condamné par l’état à abattre une partie de son troupeau car il dépasserait
le quota autorisé.
L’accès à l’éducation
dans leur langue maternelle reste difficile. Selon un rapport du
Finlandssvenska institut, en Finlande seulement 30% des enfants samis ont accès
à une éducation en langue sami. Il faut aussi préciser qu’une majorité des Samis
habitent dans d’autres régions que la Laponie.
Enfin des commissions
de vérité et de médiation sont à l’œuvre depuis quelques temps, en Norvège, en Suède
et en Finlande dans le but de clarifier et dévoiler les injustices commises par
les états envers les Samis dans l’histoire. Ces derniers espèrent, entre autre,
des excuses de la part des Etats.
Marie Cazes. L’auteure
est doctorante à l’Université de Jyväskylä et de Caen-Normandie
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