La
prise de Tampere était d’une importance capitale pour Mannerheim
qui souhaitait une victoire importante avant l’intervention des
forces allemandes sur le territoire finlandais. Ces dernières
stationnaient dans les pays baltes depuis le reflux de l’armée
russe, en pleine débâcle lors de l’ultime année de la Première
guerre mondiale (1914-1918), permettant aux forces allemandes
d’avancer jusqu’aux frontières de l’ancien empire des Romanov.
Les
forces rouges ne résistèrent au siège de Tampere qu’une
quinzaine de jours (21 mars – 6 avril 1918). Malgré la rapidité
de la prise de la région et de la ville, les deux camps souffrirent
d’un nombre de pertes élevés, soit environ 800 morts côté
Blancs, environ 1200 morts côté Rouges, pour des effectifs
équilibrés (estimés entre 13000 et 15000 combattants de chaque
côté). Avant la reddition du 6 avril, certains Rouges parvinrent à
s’échapper de la tenaille blanche par les lacs encore gelés, au
nord et au sud, laissant derrière eux une ville en partie détruite
et une situation humanitaire catastrophique.
Il
est intéressant de constater que les faits de la guerre civile
finlandaise - aussi sordides qu’héroïques, suivant le regard
qu’on porte sur l’événement - ne trouvent aucun écho dans la
musique populaire contemporaine en Finlande, notamment dans la
musique metal. Les artistes finlandais dans le metal, pourtant peu
avares quand il s’agit d’utiliser des thématiques guerrières,
quand cela concerne la « guerre d’hiver » (novembre
1939-mars 1940) ou encore des guerres mythifiées, voire imaginaires,
dans un passé lointain, restent muets à ce sujet.
Ce
silence artistique interroge. S’agit-il d’un sujet qui pèse
encore sur les consciences des Finlandais au point qu’il n’y ait
aucune production artistique en raison d’un consensus que tout le
monde comprend et entend respecter, même parmi les courants
artistiques les plus transgressifs ? Ou bien, n’est-ce pas un sujet
suffisamment dans l’air du temps et attractif dans le metal
finlandais, au contraire de la guerre d’hiver, qui a reçu une
reconnaissance internationale, ou de lointaines guerres vikings ?
Pour
conclure, il n’est pas interdit de penser qu’une production
artistique, ayant la guerre civile finlandaise pour thématique,
puisse naître et prospérer suite aux célébrations des cent années
du conflit et de l’indépendance. Cette production rejoindrait
thématiquement le travail artistique d’une poignée de groupes de
metal américain, entre autres, qui s’inspirent des événements
liés à la guerre de Sécession (1861-1865).
Julien
Neuville
L’auteur
est étudiant en master 2 à l’Université de Caen Normandie
Pour
aller plus concernant la bataille de Tampere : HAAPALA Pertti,
HOPPU Tuomas, KAARNINEN Mervi, SUODENJOKI Sami, TIKKA, Marko,
PLANTING, Anu, Tampere 1918 - A Town in
the Civil War, Tampere, Museokeskus Vapriikki,
2010.
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