Cinq mois après les élections parlementaires suédoises, le royaume n’a
toujours pas de nouveau gouvernement, les négociations s’enlisent et la menace
de nouvelles élections se fait sentir. Une première pour un pays dont la
configuration des forces politiques a été complétement chamboulée par le succès
des Démocrates de Suède dans les dernières élections[1].
En effet, la montée des Démocrates de Suède à 17,5% place les deux blocs traditionnels dans une
situation de minorité au Riksdag, parlement suédois. Le bloc des
Sociaux-Démocrates, des Verts et de la Gauche recueille 144
sièges au Parlement (il y a 349 sièges), tandis que l’Alliance (composée des Modérés,
du Centre, des Libéraux et des Chrétiens-Démocrates), recueille 143 sièges…
Avec le système de vote à la proportionnelle, généralement aucun parti
politique n’obtient une majorité absolue au Parlement et aucun parti ne peut
gouverner seul[2]. Il faut des négociations
entre plusieurs partis pour obtenir une coalition gouvernementale qui obtienne
le soutien de la majorité du Parlement pour mettre en place sa politique[3].
En
Suède, depuis près d’un siècle c’est le Parti Social-Démocrate qui arrive en
tête dans toutes les élections parlementaires et le parti fait donc très
souvent partie des gouvernements, généralement avec le soutien d’autres partis
de gauche et des Verts. Il y a cependant eu des alternances avec des coalitions
de droite avec les Modérés, le Centre, les Libéraux et les Chrétiens
Démocrates. Depuis plusieurs décennies ces deux blocs se partageaient les
coalitions gouvernementales en fonction de la majorité obtenue au Parlement et
des accords obtenus lors des négociations pour former le gouvernement.
Cependant, l’arrivée des Démocrates de Suède a complétement changé la
donne. La majorité parlementaire, afin de composer un gouvernement, est devenue
impossible à obtenir sans changer les alliances au sein des blocs, ou sans le
soutien des Démocrates de Suède. Néanmoins en raison des origines du parti, cette
option reste inenvisageable pour les leaders des autres partis.
Il y a eu pour le moment deux tentatives de formation de
gouvernement ; à la mi-novembre la coalition gouvernementale de l’Alliance
proposée par Ulf Kristersson, leader des Modérés a été rejetée et en décembre,
celle de Stefan Löfven Premier ministre sortant et leader des
Sociaux-Démocrates a aussi été rejeté par le Riksdag. A l’heure actuelle, des
négociations ont lieu entre les Sociaux-démocrates, les Verts, le Centre et les
Libéraux en vue d’aboutir à un gouvernement, mais ces partis n’auraient pas la
majorité du parlement, ce qui compliquerait le travail du gouvernement et
menacerait sa stabilité. Le prochain, et troisième, vote du Parlement pour un Premier
ministre est prévu au 16 janvier.
Après quatre votes de rejet[4] d’une
coalition gouvernementale par le Parlement, la constitution prévoit de
nouvelles élections. Les autorités responsables des élections réfléchissent
déjà à cette éventualité et ont déjà
fait savoir qu’il serait possible d’organiser un nouveau scrutin dès le 7 avril[5].
Marie Cazes. L’auteure est doctorante à l’Université de Jyväskylä
(Finlande).
[1] Pour un rappel sur qui sont les
Démocrates de Suède, je vous renvoie au billet de juin http://vuedunord.blogspot.com/2018/06/les-democrates-de-suede-du-neonazisme.html
[2] Sauf en 1940 et en 1968 où le Parti
Social-Démocrate obtient plus de 50% des suffrages et dirige un gouvernement
majoritaire.
[3] Pour avoir une idée de comment
fonctionne les coalitions gouvernementales dans les pays nordiques, la série
Borgen qui se déroule au Danemark, est un bon moyen pour comprendre.
[4] Un vote de rejet signifie que le
candidat Premier ministre reçoit 175 ou plus de votes ‘non’, le Premier
ministre n’a pas besoin d’une majorité absolue de ‘oui’.
[1] Pour un rappel sur qui sont les
Démocrates de Suède, je vous renvoie au billet de juin http://vuedunord.blogspot.com/2018/06/les-democrates-de-suede-du-neonazisme.html
[2] Sauf en 1940 et en 1968 où le Parti
Social-Démocrate obtient plus de 50% des suffrages et dirige un gouvernement
majoritaire.
[3] Pour avoir une idée de comment
fonctionne les coalitions gouvernementales dans les pays nordiques, la série
Borgen qui se déroule au Danemark, est un bon moyen pour comprendre.
[4] Un vote de rejet signifie que le
candidat Premier ministre reçoit 175 ou plus de votes ‘non’, le Premier
ministre n’a pas besoin d’une majorité absolue de ‘oui’.
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