Sabaton, un
groupe de metal originaire de Suède, a publié début janvier une vidéo[1]
annonçant la mise en ligne en février d’une chaîne YouTube qui traiterait de
manière détaillée et documentée des événements historiques ayant servi de
thèmes dans ses chansons. À travers
cette démarche, le groupe s’inscrit dans l’un des courants de la culture en
ligne.
Depuis plusieurs
années, les projets communément qualifiés de vulgarisation scientifique ont
connu une croissance exponentielle sur internet. Tenues par des passionnés, des
étudiants en cours de formation ou des professionnels, les chaînes ayant pour
objectif de partager avec le grand public des sujets qui avaient du mal à
sortir du contexte universitaire ont fleuri sur les sites de partage de vidéos,
et l’histoire est d’ailleurs un sujet de vulgarisation extrêmement populaire,
en France comme à l’étranger.
L’intérêt de
cette nouvelle chaîne repose notamment sur le fait de présenter des sujets peu
connus du grand public. En effet, en se servant des sujets de ses musiques
comme supports, le groupe souhaite partager des connaissances sur des personnages
ou des batailles célèbres de l’histoire européenne et notamment de l’histoire
nordique, peu connue du public. Dans mon précédent billet, j’évoquais l’opacité
qui régnait autour des créations des groupes Wardruna et Heilung quant à leur
rapport à l’histoire. La volonté de Sabaton, à l’inverse, semble donc
s’orienter vers une véritable transmission des informations avec le plus grand
nombre.
Il semble tout
de même crucial de prendre une distance critique avec ce genre de publications.
Bien que le groupe se déclare dénué de tout intérêt politique ou religieux et
animé par la volonté de sourcer les informations partagées dans leurs chansons
et dans les vidéos à sortir[2],
il n’en reste pas moins un travail effectué par des passionnés. Il est donc
pertinent de conserver une certaine prudence vis-à-vis de ce genre de contenu,
notamment en allant soi-même consulter les sources utilisées dans les vidéos,
ce que recommandent d’ailleurs plusieurs producteurs de vulgarisation
scientifique. De plus, en se focalisant sur des épisodes martiaux, seule une
fraction de l’histoire pourra être mise en lumière et il serait intéressant de
voir comment le contexte lié à ces épisodes sera, ou non, présenté. La
thématique martiale est tout à fait adaptée à la scène metal mais risque de
donner au public une vision tronquée des événements, ce qui peut mener,
consciemment ou non, à des raccourcis concernant le déroulement de l’histoire et
les protagonistes évoqués.
Outre son aspect
de curiosité quelque peu exotique, cette initiative permet de constater la
richesse qui peut émaner de la culture populaire, tant du point de vue
thématique que du point de vue de l’approche et des supports utilisés pour
établir une connexion entre connaissances et divertissement.
Lise Vigier
L'auteure est
doctorante à l'école doctorale 558 Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage /
Université de Caen Normandie.
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