L’association pour les études nordiques (APEN) a brillamment
démontré son utilité après à peine six ans d’existence. Porté par une
conjoncture favorable, elle a su fédérer les acteurs d’un domaine riche en
traditions distinctes. En témoigne surtout la toute nouvelle tradition des
congrès biannuels dont le dernier était organisé à Strasbourg du 11 au 13 juin
sous la direction de Thomas Mohnike.
Le programme du congrès affichait deux conférences plénières
consacrées au médiévalisme dans la littérature danoise (Lise Møller de l’université d’Århus) et à la linguistique et le changement climatique
(Kjersti Fløttum de
l’université de Bergen), deux tables rondes sur le projet CollEx en études
nordiques et la traduction au théâtre, ainsi que 41 communications reparties
dans plusieurs panels thématiques. Les intervenants étaient originaires de huit
pays ; les sujets des communications couvraient une étendue spatiale et
temporelle plus vaste encore, les thèmes d’actualité comme le populisme du
Parti des Finlandais côtoyant le Dannevirke au VIIIe siècle et le Viking metal
faisant écho aux films italiens sur la Suède des années 1960.
Il est difficile de dégager de tendances dominantes d’une telle richesse, mais on peut cependant observer que le Moyen-Âge nordique semble toujours jouir d’un fort intérêt de la part des chercheurs, que ce soit sous forme d’approches historiques ou philologiques focalisant sur la période médiévale ou des études culturelles analysant sa présence dans la production culturelle contemporaine. Le monde moderne nordique du roi Oscar Ier à la pétro-démocratie norvégienne en passant par Ibsen, la réintroduction du castor dans la nature et la littérarité du finnois semble attirer également l’attention.
Curieusement, les XIVe-XVIIIe siècles sembleraient souffrir d’un manque de curiosité. C’est pourtant la période de l’aventure militaire et européenne de la Suède et de la naissance de l’humanisme moderne en Finlande, pour ne mentionner que deux sujets incontournables dans l’histoire nordique. Peut-être est-ce une époque trop lointaine pour nous concerner directement et trop proche et sobre pour exciter l’intérêt. Espérons toutefois que cette lacune ne devienne pas trop grande. Notre conception des forces qui ont façonné le monde nordique en serait fortement affectée.
Le prochain congrès de l’APEN aura lieu en 2021 à Paris. On a toutes les raisons pour espérer que la conjoncture restera favorable et que l’événement renforcera davantage sa position comme le rendez-vous des chercheurs et doctorants de France et des pays voisins. La belle ambiance collégiale et l’accueil chaleureux de l’équipe strasbourgeoise ont laissé un très bon souvenir.
Harri Veivo
L’auteur
est professeur au Département d’études nordiques de l’Université de Caen
Normandie.
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