Alors que la gauche et la social-démocratie sont considérées comme étant en
déclin en Europe, les dernières élections dans les pays nordiques semblent
aller dans le sens inverse.
Après la Suède à l’automne dernier et la Finlande en avril, c’est au tour
du Danemark de voir les Sociaux-démocrates remporter les élections
législatives. Bien que ces partis appartiennent à la même famille politique,
les campagnes menées et les programmes qu’ils ont présentés sont différents.
Sur un échiquier politique où, avec l’émergence de nouvelles forces, le
clivage gauche droite tend à perde de la valeur, un des enjeux pour les partis
sociaux-démocrates est de se renouveler et de s’adapter aux nouveaux enjeux des
sociétés contemporaines en pleine mutation. C’est ce qui semble se produire
dans les pays nordiques où les partis sociaux-démocrates prônent la fin des
coupes budgétaires dans les services publics avec un retour à un
Etat-providence ainsi qu’un engagement écologique. Ce renouveau présente aussi
quelques divergences, la gauche ayant évolué de manière différente en fonction
du pays.
En Suède et au Danemark, les partis Sociaux-démocrates ont adopté une ligne
plus stricte sur la politique migratoire (avec entre autres, une réduction des
quotas des demandeurs d’asile, un durcissement des conditions du regroupement
familial, et en plus au Danemark, l’interdiction du niqab et de la burqa dans
l’espace public) pour éviter que son électorat rejoigne les partis populistes
de droite radicale. Cette prise de position de Mette Frederiksen, la leader du
parti social-démocrate danois et future Premier ministre du pays, a été critiquée
par les partis qui se situent plus à gauche, comme une perte de valeur et de
principes. Elle pourrait également lui poser problème pour constituer une
coalition gouvernementale[1]. La différence majeure entre la Suède et le
Danemark est l’impact de ce virement sur la question de l’immigration. En effet,
les Démocrates de Suède (Sverigedemokraterna,
extrême droite) a gagné des votes[2]
alors qu’au Danemark, le Parti populaire danois (Dansk Folkeparti, droite
radicale) a vu son électorat diminuer de plus de moitié passant de 21,1% des
voix en 2015 à 8,7%.
En Finlande, Antti
Rinne, le leader des Sociaux-démocrates et nouveau Premier ministre, a au
contraire pris un tournant plus à gauche et plus écologiste[3].
Son nouveau gouvernement est une coalition avec les Verts, l’Alliance de gauche
(gauche radicale) ainsi que le Centre et le Parti suédophone. Le programme
gouvernemental est très axé sur les questions d’égalité et d’écologie et propose également d’augmenter les quotas
annuels de réfugiés.
Il serait donc
intéressant de voir l’évolution de ces politiques et gouvernements de gauche
dans ces pays ainsi que l’efficacité des
stratégies pour lutter contre la montée des populistes de droite radicale dans
quelques années lors des prochaines élections.
Marie Cazes – L’auteure
est doctorante en science politique à l’Université de Jyväskylä (Finlande)
[3] (voir un billet traitant des élections en Finlande) https://vuedunord.blogspot.com/2019/05/resultats-des-elections-parlementaires.html
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