Au-delà de leurs
productions musicales, Avatar et Ghost,
respectivement formés en 2001 et 2006, sont reconnus pour leurs vidéo clips
souvent inspirés de l’univers cinématographique. À travers une présentation très
succincte d’exemples de créations vidéo de ces deux groupes, ce billet a pour
but de montrer l’importance et la potentielle richesse de la dimension visuelle
des genres rock et heavy metal. L’idée de ce billet est née des
réflexions apportées l’an passé par les étudiants de 2ème année de
licence en langues littératures et cultures
nordiques, lors du cours donné sur la musique metal dans l’espace
nordique.
L’une des
sources d’intérêt les plus remarquables des œuvres d’Avatar et de Ghost s’avère
être l’intertextualité. Le cinéma et la musique ont entretenu des relations
étroites depuis plusieurs dizaines d’années. Le clip très scénarisé de la
chanson « Thriller »[1]
de Michael Jackson qui a été diffusée pour la première fois en 1983 en est l’un
des exemples les plus frappants. Les références au cinéma y sont nombreuses, on
voit par exemple un couple aller voir un film d’horreur au cinéma et c’est
l’acteur Vincent Price, notamment connu pour ses rôles dans des films
d’épouvante que l’on entend parler juste avant la scène de danse des zombies.
Dans la scène
hard rock et heavy metal, les clips du chanteur, musicien et réalisateur
américain Rob Zombie sont des exemples très parlants de références faites au
grand mais aussi au petit écran. Le clip de sa chanson « Living Dead
Girl »[2], sorti
en 1999, reprend par exemple les codes esthétiques du film emblématique de la
période de l’expressionisme allemand, Le Cabinet du docteur Caligari
sorti en 1920[3].
Ghost et Avatar
font également de nombreuses références à l’univers cinématographique. Les deux
groupes reprennent notamment les codes esthétiques des premières décennies du
cinéma. Les débuts du septième art, avec les films muets, la technique des intertitres
et des images en noir et blanc sont par exemple représentés dans le clip « Hail the Apocalypse »[4]
d’Avatar. À l’inverse, la naissance des slasher-movies, un sous-genre du
cinéma d’horreur développé aux États-Unis vers la fin des années 1970 , est
notamment mise en scène dans le clip « Rats »[5]
de Ghost, qui contient une scène chorégraphiée, où des personnages féminins
sortent de sacs mortuaires pour danser avec le protagoniste, rappelant ainsi le
clip de « Thriller »[6].
Enfin, les deux groupes s’attachent à raconter des histoires dans leur clips,
dépassant ainsi le simple fait d’être filmés en train de jouer leur chanson et
apportant d’éventuelles clés pour comprendre leurs textes.
Les créations de
ces deux groupes sont cependant loin d’être identiques. D’un côté, Avatar s’est
créé un univers aux multiples influences, telles que le monde du cirque, du catch
ou encore, mais pas seulement, des freak shows, consistant en
l’exposition d’êtres humains considérés comme anormaux du fait de différences
principalement physique et qui était en vogue notamment aux États-Unis entre le
19ème et le début du 20ème siècle. Ghost présente au moyen de ses clips et de court-métrages
l’histoire d’une église sataniste et s’amuse également à réécrire l’histoire de
la pop-culture, comme en témoigne le clip du single « Kiss the Go-Goat »[7]
qui aurait connu, d’après le clip, un succès important à sa première sortie en
1969.
À l’inverse du pagan
ou du folk metal évoqués dans de précédents billets, l’origine nordique
de ces groupes est presque invisible dans leurs œuvres. Cependant, la richesse
et la variété de leurs références intertextuelles montrent qu’il existe des
univers bien différents mais tout aussi recherchés et intéressants que les ceux
basés sur thématiques plus courantes comme les vikings et la période pré-chrétienne
et qui mériteraient que des travaux d’analyse leurs soient consacrés.[8]
Lise Vigier – L'auteure est
doctorante à l'école doctorale 558 Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage /
Université de Caen Normandie.
[1] Michael
Jackson, « Thriller », Thriller, Epic Records, 1982. Clip
disponible à l’adresse https://youtu.be/sOnqjkJTMaA,
consultée le 14/10/2019.
[2] Rob
Zombie, « Living Dead Girl », Hellbilly Deluxe: 13 Tales of
Cadaverous Cavorting Inside the Spookshow International, Geffen Records,
1998. Clip disponible à l’adresse https://youtu.be/BvsMPOfblfg,
consultée le 14/10/2019.
[3] Robert
Wiene, Le Cabinet du docteur Caligari, Decla-Bioscop, 1920.
[4] Avatar,
« Hail the Apocalypse », Hail the Apocalypse, Entertainment
One, 2014. Clip disponible à l’adresse https://youtu.be/zKe8jze56Vg,
consultée le 14/10/2019.
[5] Ghost,
« Rats », Prequelle, Loma Vista Recordings, 2018. Clip
disponible à l’adresse https://youtu.be/C_ijc7A5oAc,
consultée le 14/10/2019.
[6] Michael
Jackson, « Thriller », Op. cit.
[7] Ghost,
« Kiss the Go-Goat », Seven Inches of Satanic Panic, Loma
Vista Recordings, 2019. Clip disponible à l’adresse https://youtu.be/qyxrzUe_TDM, consultée
le 14/10/2019.
[8]
Le format d’un billet de blog ne permet en aucun cas de rendre justice aux
travaux de ces deux groupes et c’est pourquoi j’invite les lecteurs de ce
billet à aller voir leurs vidéos. Je tiens tout de même à mettre en garde
concernant le contenu parfois sensible de certaines vidéos d’Avatar, mettant
notamment en scène des actes de violence ou des performances physiques extrêmes.
Chaîne Youtube d’Avatar disponible à cette adresse : https://www.youtube.com/channel/UCyaPf0E-PRRZH3UvvxNPeEw
Chaîne Youtube de Ghost disponible à cette adresse : https://www.youtube.com/user/thebandGhost1
Chaîne Youtube d’Avatar disponible à cette adresse : https://www.youtube.com/channel/UCyaPf0E-PRRZH3UvvxNPeEw
Chaîne Youtube de Ghost disponible à cette adresse : https://www.youtube.com/user/thebandGhost1
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