Si à leur fondation les Démocrates de Suède étaient d'extrême-droite, le parti a connu de profondes réorientations idéologiques et restructurations politiques. Sur fond de désaccords, d'anciens membres ont créé jusqu'ici trois partis différant sur le fond idéologique et les modes d'action : le Parti de la Patrie, les Nationaux-Démocrates et Alternative pour la Suède.
Le Parti de la Patrie, fondé en 1995, est la première formation politique fondée par d’anciens membres des Démocrates de Suède après sept ans d'existence. Il est dirigé par Leif Ericsson et rejoint par Sven Davidsson1, qui avaient tous deux officié à la création des Démocrates de Suède et avaient été impliqués dans d’autres partis d’extrême-droite2. Cette scission résulte de la déception face aux présidences d’Anders Klarström (1989-1995) et de Mikael Jansson (1995-2005), vus comme incapables de maximiser le potentiel du mouvement3.
En 2001, les Démocrates de Suède connaissent leur plus importante scission, qui aboutit à la création des Nationaux-Démocrates. Ce parti se fondait sur une idéologie ethno-différentialiste, un néo-racisme postulant que les ethnies ont des particularités ne leur permettant pas de cohabiter dans un même pays4. L'action de rue, conspuée par la direction des Démocrates de Suède en raison des débordements qui en résultaient, est le mode d'action privilégié du parti, en témoignent l’attaque de la Gay Pride de Stockholm en 20035 ou les marches de Salem dans les années 2000 en hommage à un skinhead tué6.
Lancé en 2018 par Gustav Kasselstrand, ancien leader de la branche jeune des Démocrates de Suède, Alternative pour la Suède reprend le nom du parti islamophobe Alternativ für Deutschland7. Le parti s'oriente aussi vers l'action de rue, via une « tournée de la remigration » notamment lors des élections générales de 2018, notion qui dans le registre d'extrême-droite consiste en un retour au pays d'origine des personnes d'origine étrangère. La communication se fait également en ligne, le vidéoclip de lancement du parti ayant été visionné près de 270 000 fois8. En outre, le journal Aftonbladet indiquait récemment que près de 60000 personnes suivent sur le réseau social Facebook le parti de Gustav Kasselstrand, un chiffre très élevé comparé à celui d’autres partis9.
Le Parti de la Patrie essaie de s'allier au parti populiste de droite Nouvelle Démocratie, lors des élections générales de 1998. En échec, il acte sa dissolution l'année suivante10. Le parti aura mis en lumière les dissensions qui existaient au sein des Démocrates de Suède, sans les mettre à mal électoralement au vu de leur relatif succès en 199811. Néanmoins, le journal d’investigation antiraciste Expo constatait en 1995 que l’activité des Démocrates de Suède avait considérablement diminué suite à la scission, n’ayant qu’une vingtaine de fédérations actives, soit environ deux fois moins que lors des élections de 199112.
La création des Nationaux-Démocrates a ébranlé les Démocrates de Suède. Ils s’approprient leurs contacts avec d’autres partis européens : le Front National en France, le FPÖ en Autriche ou le British National Party au Royaume-Uni. L’action de rue attire les Jeunes Démocrates de Suède qui rejoignent pour une grande partie les Nationaux-Démocrates, comme le fait la fédération du comté de Stockholm13. L'échec électoral est toutefois manifeste, leur meilleur score est celui des européennes de 2004, recueillant 7209 voix contre 2830314 pour les Démocrates de Suède. Les Nationaux-Démocrates actent leur dissolution en 2014.
À sa création, Alternative pour la Suède a bénéficié du ralliement de trois députés sur les vingt que comptaient le groupe des Démocrates de Suède au Parlement, dont Mikael Jansson. S'il n'avait pas été retenu sur la liste des législatives suivantes du parti qu'il avait dirigé, il s'agissait d'un coup médiatique intéressant pour le nouveau mouvement. Les échéances électorales n'ont pourtant pas montré d'adhésion particulière à cette entreprise politique, recevant environ 20 000 voix aux élections législatives l'an dernier ainsi qu'aux européennes cette année15.
Si les Démocrates de Suède ont souffert de la scission opérée par les Nationaux-Démocrates, ils ont également su en tirer profit. Le journaliste Mikael Ekman indiquait que « les extrémistes étaient partis et se trouvaient à présent chez les Nationaux-Démocrates », élargissant peut-être son potentiel électoral16. En outre, Marc Abramsson, président des Nationaux-Démocrates de 2006 à leur dissolution, indiquait à cette occasion « voter personnellement pour les Démocrates de Suède […] et [enjoindre] les authentiques nationalistes et amis de la Suède » à faire de même, actant l’échec de son parti17. Alternative pour la Suède a permis aux Démocrates de Suède de mettre fin à la branche jeune, longtemps perçue comme l’enfant terrible du parti18.
La création des Nationaux-Démocrates a ébranlé les Démocrates de Suède. Ils s’approprient leurs contacts avec d’autres partis européens : le Front National en France, le FPÖ en Autriche ou le British National Party au Royaume-Uni. L’action de rue attire les Jeunes Démocrates de Suède qui rejoignent pour une grande partie les Nationaux-Démocrates, comme le fait la fédération du comté de Stockholm13. L'échec électoral est toutefois manifeste, leur meilleur score est celui des européennes de 2004, recueillant 7209 voix contre 2830314 pour les Démocrates de Suède. Les Nationaux-Démocrates actent leur dissolution en 2014.
À sa création, Alternative pour la Suède a bénéficié du ralliement de trois députés sur les vingt que comptaient le groupe des Démocrates de Suède au Parlement, dont Mikael Jansson. S'il n'avait pas été retenu sur la liste des législatives suivantes du parti qu'il avait dirigé, il s'agissait d'un coup médiatique intéressant pour le nouveau mouvement. Les échéances électorales n'ont pourtant pas montré d'adhésion particulière à cette entreprise politique, recevant environ 20 000 voix aux élections législatives l'an dernier ainsi qu'aux européennes cette année15.
Si les Démocrates de Suède ont souffert de la scission opérée par les Nationaux-Démocrates, ils ont également su en tirer profit. Le journaliste Mikael Ekman indiquait que « les extrémistes étaient partis et se trouvaient à présent chez les Nationaux-Démocrates », élargissant peut-être son potentiel électoral16. En outre, Marc Abramsson, président des Nationaux-Démocrates de 2006 à leur dissolution, indiquait à cette occasion « voter personnellement pour les Démocrates de Suède […] et [enjoindre] les authentiques nationalistes et amis de la Suède » à faire de même, actant l’échec de son parti17. Alternative pour la Suède a permis aux Démocrates de Suède de mettre fin à la branche jeune, longtemps perçue comme l’enfant terrible du parti18.
Aujourd'hui, les Démocrates de Suède font jeu égal avec les sociaux-démocrates en tête des sondages, un score dû à l'image publique d'un parti séparé de ses éléments les plus extrêmes.
Théo Fouéré
L'auteur est étudiant en deuxième année de master (suédois) au Département d'Etudes Nordiques de l'Université de Caen
1 « Hembygdspartiet utmanar Sverigedemokraterna », Expo 1996
2 Extremhögern, Anna-Lena Lodenius et Stieg Larsson, Stockholm, Tiden, 1991 p.47
3 « Hembygdspartiet utmanar Sverigedemokraterna », Expo 1996
4 WÅG Mathias, ”Bruna rötter, blågul stam, bruna grenar”, dans Sverigedemokraternas svarta bok, dir. Axelsson et Borg, Verbal Förlag, Stockholm 2014
5 JOHANSSON Martin, « Kritik mot polisinsats under Prideparaden », Sveriges Radio 3/6/2003
6 DALSBRO Anders, « 2002 – Salemfonden, Nationaldemokraterna », Expo 2003
7 WIEDER Thomas, « Allemagne : au congrès de l’AfD, l’aile droite prend le contrôle » Le Monde, 3/12/2017
8 Alternativ för Sverige – Lanseringsfilm sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=r6cdig6xTJA
9 LINDBERG Anders, « Kan Facebook hjälpa SD till en valseger ? », Aftonbladet, 13/10/2019
10 SVENSEN Love, « Alternativ för Sverige, en utbrytare i mängden », Dagens Arena 10/4/2018
11 « Sverigedemokraterna i valet 1998 », Expo 1998
12 « Splittring med Hembygdspartiet », Expo 1995
13 WÅG Mathias, ”Bruna rötter, blågul stam, bruna grenar”, dans Sverigedemokraternas svarta bok, dir. Axelsson et Borg, Verbal Förlag, Stockholm 2014
14 Valmyndigheten, « Europaparlamentsval 13 juni 2004 : Slutlig sammanräkning resultat » 2004
15 Valmyndigheten : Val till Riksdagen - Röster https://data.val.se/val/val2018/slutresultat/R/rike/index.html / Valmyndigheten : Val till Europaparlamentet – Röster https://data.val.se/val/ep2019/slutresultat/E/rike/index.html
16 EKMAN Mikael, “Drömmen om ett rent Sverige”, dans Sverigedemokraternas svarta bok, dir. Axelsson et Borg, Verbal Förlag, Stockholm 2014 p.66
17 LARSSON Mats Johan, « Nationaldemokraterna läggs ned », Dagens Nyheter 23/4/2014
Site de Sverigedemokratisk Ungdom 12/9/2015 https://web.archive.org/web/20150912150751/http://sdu.nu/
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