Alors que le mois de septembre est marqué par le retour du rythme scolaire et étudiant, certain.e.s vont passer un semestre ou l’année dans une højskole. Majoritairement inconnues du système d’éducation français, ces écoles sont très populaires dans les pays nordiques. Si højskole signifie littéralement « grande école », on les connait parfois sous les noms d’« Université populaire » de « lycée populaire ».
C’est Nikolai Frederick Grundtvig (1783-1872) poète, linguiste, pasteur luthérien et réformateur danois qui développa l’idée de tels établissements dès les années 1830 avant de les diffuser dans son ouvrage Bøn og Begreb om en Danske Højskole i Sorø en 1840 (Requête et idées pour la fondation d’un lycée populaire danois à Søro). Alors que la figure du paysan se chargeait de symbolisme et devenait un véritable mythe dans l’imaginaire national-romantique, le projet de Grundtvig était de créer un lieu démocratique où les paysans, pauvres et peu éduqués, pourraient accéder à une nouvelle forme d’éducation. L’objectif était de les former en tant que citoyens éclairés afin de leur permettre d’échanger avec d’autres classes sociales autour de formations ayant trait à leur usage et leur plaisir et ne concernant pas directement leur quotidien rural. Outre l’apprentissage pédagogique, l’accent était mis sur les chants et le temps libre, nécessaire à l’accomplissement de soi.
La première højskole fut fondée à Rødding en 1844 par Kristen Kold, l’un des disciples de Grundtvig. Des écoles furent fondées dans la foulée en Norvège, Suède et Finlande mais également (de manière bien plus isolée) aux États-Unis, en Suisse, au Royaume-Uni et par la suite dans plusieurs pays en Afrique (en Tanzanie par exemple) ou en Inde. Si aujourd’hui l’on trouve majoritairement l’essence des idées fondatrices de Grundvig dans les højskoler danoises, celles à l’étranger sont également mues par une forte volonté de mixité sociale, générationnelle et disciplinaire, l’essentiel étant d’apprendre autour de passions communes.
Tandis que le projet concernait d’abord majoritairement les populations rurales danoises et proposait de ce fait des activités liées à cet espace socio-culturel, les højskoler se sont aujourd’hui ouvertes à une multiplicité de disciplines. Au Danemark, il est possible de choisir des formations parmi environ deux cent domaines tels que les sciences sociales, humaines ou physiques, l’art, le sport, la musique, mais également le féminisme, la religion, les langues vivantes et autres domaines aussi divers et variés. La formation repose toujours sur la vie de groupe (la vie s’y déroule majoritairement en pensionnat), l’entraide, des formations menées par des spécialistes des domaines abordés et des conférences de personnes extérieures, une liberté pédagogique totale menant à de nouvelles perspectives personnelles, sociales et parfois professionnelles.
Ouvertes à tou.te.s les plus de dix-huit ans, elles ne sont pas diplômantes ni ne valident au cours d’examens les compétences des élèves (aucune note). On peut y effectuer des périodes de formations plus ou moins longues (de quelques jours à une année) toujours dispensées par des spécialistes des matières enseignées. Les højskoler sont payantes, le prix total comprenant la formation, le matériel mis à disposition ainsi que la pension complète. Si cette somme est à régler par les participants, il existe de nombreuses aides mises en place afin de ne pas fermer la porte aux étrangers, plus démunis. Ainsi l’État danois peut financer environ deux tiers des formations longues sur demande. Académiquement, elles se situent bien en dehors du système éducatif danois officiel même si la majeure partie du financement des højskoler provient de l’État danois. Malgré cette dépendance financière, aucune ligne de conduite normée étatique ne leur est imposée.
Le principe démocratique et la valorisation des relations humaines sont parmi les lignes de force dirigeant aujourd’hui encore tout le projet des højskoler. Ces écoles visent l’apprentissage tout au long de la vie, la vie en communauté et l’accomplissement personnel et social. Elles sont souvent qualifiées d’alternatives à l’étranger car prônent l’égalité et le respect mutuel des enseignants et des étudiants qui vivent en communauté pendant la durée de la formation et apprennent les uns des autres. Dans les højskoler, nul n’est catégorisé en fonction de son histoire professionnelle, universitaire, personnelle ou sociale et l’accent est au contraire mis sur la curiosité intellectuelle et créative, individuelle et collective.
Je ne connaissais pas ce concept avant de le vivre au travers de mon beau fils: Quel magnifique système, si fécond et révélateur de talents! A découvrir et faire connaître
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