vendredi 15 janvier 2021

Guerre d’Hiver : le journal Ouest-Eclair sur les systèmes de secours d’urgence en Finlande

Il y a exactement 81 ans, la Finlande se trouve en pleine guerre face aux armées de Staline. Cette guerre, appelée la guerre d’Hiver (talvisota en finnois), qui s’est déroulée entre novembre 1939 et mars 1940, marque les esprits des Français d’alors, du fait de l’intense couverture médiatique autour d’un conflit qui succède au dépècement de la Pologne par les régimes nazi et soviétique durant septembre 1939.


Durant cette guerre, la presse française relaye abondamment l’héroïsme de la petite Finlande face la tentative d’invasion de son territoire par l’empire soviétique. Si les médias de l’époque évoquent plus volontiers les batailles sur les frontières des deux belligérants, le sujet du système de secours d’urgence – les ambulances internationales ou encore les auxiliaires de secours comme Lotta Svärd , prennent place dans certains quotidiens durant les mois de guerre en 1940. Un de ces quotidiens est le journal régional Ouest-Eclair (ancêtre du journal Ouest-France).


Dès le 7 janvier 1940, le journal brosse un long portrait des Lotta Svärd, une organisation indépendante de volontaires finlandaises féminines, qui participent à l’effort de guerre et qui a été créée après la guerre civile en 19181. Constituée autour de la figure mythique de Lotta Svärd, une héroïne du poète Runeberg (1804-1877), que le quotidien assimile à la Jeanne d’Arc finlandaise, les Lottas incarnent « l’âme de la résistance finlandaise ». Elles remplacent dans les champs les hommes partis à la guerre et deviennent également gardes-malades pour la Croix-Rouge. Leur entraînement est rigoureux et elles sont vêtues d’un uniforme gris. Selon le journal, à cette époque, ces volontaires se comptent au nombre de cent milles femmes servant le pays durant la guerre (Ouest-Éclair, 7 janvier 1940).


A travers le monde, des aides en tout genre se mettent en place, notamment les ambulances internationales. L’Ouest-Eclair du 10 janvier mentionne que la presse suédoise du jour précédent fait écho de l’arrivée deux ambulances de « la section sanitaire automobile féminine française », des secours « [qui] doivent partir incessamment pour le front finlandais ». Les chauffeurs sont photographiés et nommés : ce sont Mme Henriette Mendelsohn et Mme Rea-Wittman. Le journal du 12 janvier signale également qu’une « ambulance américaine est arrivée à Helsinki, conduite par quatre jeunes gens, deux étudiants, un professeur et un journaliste ». L’Ouest-Eclair du 14 février évoque le déploiement d’une ambulance néerlandaise dans la zone du lac Ladoga avec une capacité de 100 lits.


Le 16 février, une nouvelle ambulance française, avec à sa tête un docteur – un certain Dr. Ellinger – missionné par le gouvernement finlandais « pour demander à la France des secours médicaux », quitte Paris pour rejoindre le Finlande, «  emmenant plusieurs médecins français, une équipe de quatre infirmières de l'Union des Femmes de France (Croix-Rouge Française), dix religieuses de divers ordres et deux ambulances accompagnées de leurs conductrices ». Certaines d’entre elles, également ambulancières d'avion, sont nommées par le journal : il s’agit de Mlles Barry, Gouache et Alix Lucas-Naudin. Cette dernière est d’ailleurs connue à l’époque pou pour avoir accompli comme pilote, en 1938, un raid Paris-Pondichéry. Le journal du 18 février signale que l’ambulance du docteur Ellinger est arrivée à Stockholm.


Outre l’élan de sympathie envers la Finlande, matérialisée par des aides financière, matérielle et diplomatique au niveau international, un certain nombre d’étrangers ont également participé aux combats, comme l’acteur Christopher Lee (1922-2015). Par sa bravoure au combat et sa résistance face aux armées du pouvoir soviétique, la Finlande suscite l’intérêt d’une grande partie du monde, dont cet article ne fait qu’effleurer l’ampleur. Cet épisode participe à la création d’un mythe national en Finlande autour de la guerre d’Hiver et a permis de mettre le pays nordique sous les feux des projecteurs, notamment en France, et en particulier dans la presse française de l’époque.


Julien Neuville

L’auteur est doctorant au laboratoire ERLIS et vacataire à l'université de Caen-Normandie. 

 

1 L’organisation a existé sous ce nom entre 1921 et 1944.

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