L’arrivée au pouvoir
de Sanna Marin, la nouvelle Première ministre finlandaise, a beaucoup fait
parler à l’étranger pour plusieurs raisons, dont notamment son âge et son genre
mais également ses origines sociales modestes. Le reste du gouvernement Marin
suscite aussi intérêt et admiration. En effet, les cinq partis de la coalition
gouvernementale sont dirigés par des femmes dont 4 âgées de moins de 35 ans.
Un précédent billet
sur ce blog évoquait déjà les limites de l’égalité hommes-femmes en Finlande[1].
Je compte ici me concentrer sur l’évolution historique des femmes dans la
politique finlandaise.
La Finlande a une longue
tradition concernant la question des femmes en politique. Ce fut le premier
pays au monde à accorder les droits politiques (droit de vote et d’éligibilité)
aux femmes en 1906, et donc le premier pays à avoir élu des femmes au
parlement, où elles représentaient 9,5% des députés en 1907 (un pourcentage que
la France atteint à la fin des années 1990). Lors des dernières élections
parlementaires en avril, 47% des élus étaient des femmes, pourcentage le plus
élevé jamais atteint en Finlande.
A l’heure actuelle, seuls
deux des partis politiques les plus importants (soit ceux qui ont au moins 5%
des votes) n'ont jamais eu de femme à leur tête : le parti de la Coalition
Nationale (droite) et le parti des Finlandais (populiste d'extrême droite).
En Finlande, la
première femme à devenir ministre fut Miina Sillanpää en 1926. Cependant jusqu'aux
années 1980 les femmes étaient assez rares dans les gouvernements (avec un
maximum 15% de femmes ministres), le changement a été marqué dans les années
1990. Depuis les années 2000, tous les gouvernements ont eu au moins 50% de
femmes (excepté dans le gouvernement Sipilä entre 2015 et 2019). Toujours dans
les années 2000, la Finlande a été le premier pays au monde ayant une
présidente et une première ministre en même temps.
Il doit cependant être
mentionné qu’en 2003, la première Première ministre, Anneli Jääteenmäki, a dû
démissionner au bout de deux mois et que les deux premières ministres suivantes,
Mari Kiviniemi[2]
et Sanna Marin, le sont devenues après la démission de leur prédécesseur.
Autrement dit, les premières ministres ont toujours été en fonction suite à des
"circonstances particulières" et aucune d'entre elles n'a fait de
mandat complet.
Nous devons tout de même souligner l’importance des femmes dans la politique sur le plan de la
représentation. Ce panel de gouvernement "entièrement féminin" est
une source d’inspiration pour les filles et les femmes en Finlande et ailleurs.
Il faut aussi attirer
l’attention sur le fait que le gouvernement Marin a un travail difficile, pour
rétablir la confiance des citoyens finlandais en la politique mais aussi pour
agir sur les inégalités croissantes dans la société et pas seulement concernant
la question des genres. Enfin, une des autres difficultés réside dans
l’opposition surtout le parti misogyne, conservateur et xénophobe d'extrême
droite qui se tient prêt à récupérer les voix de tous les déçus, aussi bien des
sociaux-démocrates que du Centre.
Marie Cazes,
l’auteure est doctorante en science politique à l’Université de Jyväskylä
[1] Voir le billet d’octobre http://vuedunord.blogspot.com/2019/10/les-femmes-en-politique-une-vitrine-de.html
[2] Mari Kiviniemi devient Première ministre en juin 2010 suite à la démission
de Matti Vanhanen à cause de soupçons de corruption.
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