La Finlande semble appuyer
toujours plus fortement sa promotion touristique sur la musique metal.
L’évènement Capital of Metal, dont le but est de choisir
quelle ville finlandaise sera la capitale mondiale de la musique metal, ou
encore l’un des derniers articles
parus sur le site Voici la Finlande et intitulé « Prof d’université et
chercheur spécialisé metal »[1],
en sont des exemples significatifs. Cependant, l’absence de groupes porteurs
d’un renouveau ou d’une évolution pourrait laisser craindre un essoufflement de
ce courant en Finlande mais aussi dans les autres pays nordiques.
Le blog Vue du Nord présente une vision des pays nordiques en profondeur et au-delà des clichés. Ecrits par les étudiants en M2 et doctorat et les membres du personnel du Département d’Études Nordiques de l’Université de Caen Normandie, les billets analysent un éventail de sujets qui vont de l’actualité politique à l’histoire culturelle de cinq pays de la région – le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède.
vendredi 15 juin 2018
vendredi 1 juin 2018
Les Démocrates de Suède: du néonazisme à un populisme de droite mainstream ?
A quelques mois des élections parlementaires suédoises
les derniers sondages donnent trois partis favoris. Les Sociaux-démocrates, actuellement au
gouvernement restent en tête avec 24%, suivis par les Modérés (parti libéral
conservateur de centre-droit) à 22%, et en troisième, les Démocrates de Suède
avec 20% d’intention de vote à l’heure actuelle.
Jusqu’à présent, la Suède avait été plutôt épargnée par
les mouvements populistes nationalistes de droite radicale sur la scène
politique parlementaire. Contrairement à la Finlande, au Danemark et à la
Norvège qui connaissent le succès de partis populistes dans les années 1970 et
où ces partis prennent part aux coalitions gouvernementales depuis quelques
temps[1], la
situation est bien différente en Suède. En effet, les partis populistes liés à
des mouvements de protestations contre les taxes et la bureaucratie comme en Norvège
et au Danemark, ne sont pas présents[2].
Par contre le royaume a connu des mouvements néo-nazis et
autres groupuscules d’extrême droite dans les années 1990. C’est sur cette
idéologie extrémiste que s’est fondé le parti des Démocrates de Suède à la fin
des années 1980, notamment en lien avec le mouvement Bevara Sverige Svenskt
(Garder la Suède suédoise). A la fin des années 1990, plusieurs groupuscules
néonazis et d’extrême droite sont impliqués dans des crimes, dont des
assassinats, par conséquent, depuis les années 2000, le parti des Démocrates de
Suède s’est détaché des mouvements néonazis et tente de lisser son image dans
une stratégie de normalisation. Lors des élections de 2002 plusieurs journaux
avaient refusé de publier les publicités[3] de
campagne du parti, jugées racistes.
Depuis les élections parlementaires de 1988 et leurs
1 118 votes reçus, les Démocrates de Suède ne cessent de croitre. Ils sont
entrés au parlement en 2010 avec 339 610 voix (soit 5,7% des suffrages) et leur
soutien s’est accru en 2014 où ils ont obtenu 12,9% des voix et 49 députés (sur
349). Depuis ces élections, la Suède
n’est plus une des rares exceptions européennes où un parti de droite radicale
ne connait pas de succès électoral.
Parmi les explications avancées quant à la montée de ce
parti d’extrême droite, la crise migratoire de 2015, au cours de laquelle le
royaume suédois a accueilli plus de 160 000 migrants et l’immigration a
connu une plus forte médiatisation dans le débat politique, surtout due à la
présence des Démocrates de Suède au Parlement. Il faut tout de même noter que
le discours anti-immigration s’est aussi diffusé dans tous les partis
politiques. Par exemple début février, le ministre de l’administration
publique, Ardalan Shekarabi, du parti social-démocrate, avait déclaré son
intention de renvoyer de Suède tous les immigrés sans papiers, alors que
lui-même lors de son arrivée en Suède a été immigré clandestin pendant
plusieurs années. Enfin précisons également que, depuis juin 2016, le
gouvernement social-démocrate a durci sa politique migratoire avec notamment un
contrôle aux frontières, l’instauration de quota et une limitation du
regroupement familial.
Marie Cazes
L’auteure est doctorante à l’Université de Jyväskylä
(Finlande) et à l’Université de Caen-Normandie.
[1] En Finlande,
le Parti rural de Finlande prend part à deux coalitions entre 1983 et 1990,
depuis 2015 le Parti des Finlandais est au gouvernement (et depuis juin 2017 il
s’agit de l’Avenir Bleu, groupe issu d’une scission avec le Parti des
Finlandais). En Norvège, le Parti du Progrès participe aux coalitions
gouvernementales depuis 2013 et au Danemark, le Parti du peuple Danois soutient
les gouvernements de droite depuis 2001.
[2] Il y a eu une
variante suédoise du Parti du progrès mais il ne connait pas le succès de ses
voisins scandinaves.
[3] Dans les pays
nordiques, les partis politiques payent pour mettre leurs publicités dans les
journaux ou autres supports.
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