mercredi 1 mai 2019

Résultats des élections parlementaires et futur gouvernement en Finlande


L’extrême droite arrive en deuxième position pour la première fois et le Parti social-démocrate gagne après vingt ans en deuxième ou troisième position: voilà les informations qui ont le plus marqué lors des résultats des élections parlementaires. Ce ne sont cependant pas les seules à retenir.


Le Parti Social-démocrate, mené par Antti Rinne, a remporté les élections avec seulement 17,7% des voix. C’est la première fois dans l’histoire que le parti vainqueur obtient moins de vingt pourcent des votes, ce qui devrait rendre les négociations pour un gouvernement plus délicates que prévues.

Le Parti des Finlandais arrive bien deuxième avec 17,5% des suffrages mais ce n’est pas son meilleur score. Lors des élections de 2011, le parti avait recueilli 19,1% des voix et 17,7% en 2015. Il faut souligner qu’il gagne quand même un siège, passant de 38 à 39. Le Parti des Finlandais a réussi à remonter dans les sondages et dans le scrutin de manière spectaculaire si l’on prend en considération le fait qu’il était à moins de 9% d’intentions de vote dans les sondages de novembre 2018. 

Une des surprises de ces élections est le score du Parti du Centre qui, avec 13,8% est au plus bas depuis plus de cent ans. Ce résultat a poussé le leader (et maintenant ex-premier ministre) Juha Sipilä à annoncer son retrait de la direction du parti lors du prochain congrès en septembre. 

Ensuite, il faut prendre en considération les bons scores des Verts ainsi que de l’Alliance de gauche. Les deux partis, très axés sur les questions environnementales et d’égalité, gagnent en effet plusieurs points et députés par rapport aux précédentes élections. 

Sur un plan plus général, la participation pour ces élections a été plus élevée qu’en 2015, avec 72,1% de citoyens qui ont voté. Le résultat de ces élections marque aussi une hausse de la représentation des femmes puisque 47% des députés sont désormais des femmes, contre 42% environ dans la dernière décennie. Une moyenne qui connait d’énormes disparités en fonction des partis, 85% des députés des Verts sont des femmes contre 30,8% chez le Parti des Finlandais.

Suite à ces élections, la nouvelle législature a désigné Antti Rinne, leader du parti vainqueur des élections, pour mener les négociations pour une coalition gouvernementale. Elles s’annoncent assez délicates pour plusieurs raisons. Les Sociaux-démocrates n’ont pas envie de se lancer dans une coalition gouvernementale avec le Parti des Finlandais pour des raisons idéologiques. Ensemble, les deux partis de gauche et les Verts n’arrivent pas à une majorité de sièges pour former un gouvernement.

A l’heure actuelle les gouvernements les plus probables seraient donc une coalition entre les Sociaux-démocrates, le parti du Centre, les Verts et l’Alliance de gauche ou bien les Sociaux-démocrates, le parti de la Coalition nationale[1] (droite), les Verts et les Suédophones de Finlande. Bien que la coalition « bleu-rouge » c’est-à-dire avec les Sociaux-démocrates et la Coalition nationale comme principaux partis de gouvernement, soit l’option la plus désirée par les Finlandais selon un dernier sondage[2], ce n’est pas forcément la plus aisée à mettre en place à cause des divergences idéologiques sur l’Etat-providence et le fonctionnement des services[3]. Une coalition entre les Sociaux-démocrates et le parti du Centre serait aussi délicate à mettre en œuvre, puisque comme précisé précédemment le Centre qui a mené le gouvernement pendant quatre ans a subi une lourde défaite. Néanmoins l’annonce de la démission de leur leader a été accueillie favorablement par les Verts et l’Alliance de gauche comme une preuve de changement au sein du parti qui permettrait d’envisager des négociations pour une coalition gouvernementale.

Marie Cazes - L'auteure est doctorante en science politique à l'Université de Jyväskylä (Finlande)


[1] Le parti de la Coalition nationale est resté assez stable, arrivant troisième avec 17% des voix et 38 sièges.
[3] Plus d’informations sur ce sujet dans un précédent billet http://vuedunord.blogspot.com/2019/03/elections-parlementaires-et-demission.html

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