Depuis l’année dernière
la Finlande connait une recrudescence des manifestations de groupuscules
néonazis et d’extrême-droite portés principalement contre l’immigration. Nous
avons par exemple ici même évoqué le cas des Soldats d’Odin (La Finlande et la crise migratoire, 15
mars 2016). Un des mouvements néonazis les plus actifs ces dernières années et
qui fait beaucoup parler en Finlande depuis la mort d’un jeune homme suite à
une agression lors d’une manifestation, est le Suomen vastarintaliike (SVL- Mouvement
de la Résistance finlandaise).
Cette organisation fait
partie du Mouvement de Résistance Nordique, les autres branches se trouvant en
Suède et en Norvège. Ce mouvement se revendique comme une organisation révolutionnaire
nationale-socialiste et souhaite, entre autres, arrêter l’immigration,
reconquérir le pouvoir aux élites sionistes et créer un Etat nordique.
Le 10 septembre, lors
d’une manifestation du SVL dans le centre de Helsinki, un jeune homme, Jimi Karttunen,
s’est fait agresser par des membres néonazis après un échange verbal sur des
opinions divergentes. Ce jeune Finlandais de 28 ans est décédé le 16 septembre
au soir des suites d’une hémorragie cérébrale.
Ce triste événement a
amené à une médiatisation et à des réactions de la part de la classe politique
finlandaise sur la question du racisme, des discours et actes de haine ainsi que
des groupes néonazis. Les mouvements néonazis ne sont pas un phénomène récent
en Finlande. Il y avait par exemple dans les années 1990 un groupuscule de
« Skinheads »à Joensuu, qui s’était donné pour rôle de défendre la
ville contre les étrangers et les immigrés en commettant environ 400 crimes et
actes de violences, dont plus de 10% à caractère raciste. Une partie des
membres avait été arrêtée et jugée et le mouvement avait disparu à la fin des
années 1990.Cependant avec l’augmentation des migrants en Finlande au cours de
l’année 2015, les manifestations des mouvements néonazis et d’extrême droite
sont plus nombreux et la situation devient préoccupante.
Suite à la mort de ce
jeune homme le 16 septembre, la population finlandaise a réagi massivement.
Dans un premier temps sur les réseaux sociaux et par des manifestations contre
le racisme et les actes de violence dans les principales villes du pays le
samedi 24 septembre, derrière le slogan Peli
poikki (« Cessez ce jeu ! »). Ils étaient environ 15 000 à Helsinki.
Le premier ministre, Juha Sipilä (parti du Centre) a participé à la manifestation
de Kuopio et exprimé peu après, sur la radio publique YLE, sa volonté de
changer la législation finlandaise concernant les groupes extrémistes.
La classe politique
finlandaise a condamné publiquement les
violences perpétrées par les groupes néonazis. Les événements soulèvent des
questions plus délicates comme celle des liens (plus ou moins) passés entre certains membres des Perussuomalaiset
et des groupes d’extrême droite, mais aussi celle de tensions nouvelles dans la
société finlandaise toujours prise dans
un marasme économique.
Marie Cazes
L’auteure est étudiante
en deuxième année de master (en finnois) au Département d’Études Nordiques de
l’Université de Caen Normandie.
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