samedi 1 octobre 2016

La Finlande face aux mouvements néonazis

Depuis l’année dernière la Finlande connait une recrudescence des manifestations de groupuscules néonazis et d’extrême-droite portés principalement contre l’immigration. Nous avons par exemple ici même évoqué le cas des Soldats d’Odin (La Finlande et la crise migratoire, 15 mars 2016). Un des mouvements néonazis les plus actifs ces dernières années et qui fait beaucoup parler en Finlande depuis la mort d’un jeune homme suite à une agression lors d’une manifestation, est le Suomen vastarintaliike (SVL- Mouvement de la Résistance finlandaise).


Cette organisation fait partie du Mouvement de Résistance Nordique, les autres branches se trouvant en Suède et en Norvège. Ce mouvement se revendique comme une organisation révolutionnaire nationale-socialiste et souhaite, entre autres, arrêter l’immigration, reconquérir le pouvoir aux élites sionistes et créer un Etat nordique.
Le 10 septembre, lors d’une manifestation du SVL dans le centre de Helsinki, un jeune homme, Jimi Karttunen, s’est fait agresser par des membres néonazis après un échange verbal sur des opinions divergentes. Ce jeune Finlandais de 28 ans est décédé le 16 septembre au soir des suites d’une hémorragie cérébrale.

Ce triste événement a amené à une médiatisation et à des réactions de la part de la classe politique finlandaise sur la question du racisme, des discours et actes de haine ainsi que des groupes néonazis. Les mouvements néonazis ne sont pas un phénomène récent en Finlande. Il y avait par exemple dans les années 1990 un groupuscule de « Skinheads »à Joensuu, qui s’était donné pour rôle de défendre la ville contre les étrangers et les immigrés en commettant environ 400 crimes et actes de violences, dont plus de 10% à caractère raciste. Une partie des membres avait été arrêtée et jugée et le mouvement avait disparu à la fin des années 1990.Cependant avec l’augmentation des migrants en Finlande au cours de l’année 2015, les manifestations des mouvements néonazis et d’extrême droite sont plus nombreux et la situation devient préoccupante.

Suite à la mort de ce jeune homme le 16 septembre, la population finlandaise a réagi massivement. Dans un premier temps sur les réseaux sociaux et par des manifestations contre le racisme et les actes de violence dans les principales villes du pays le samedi 24 septembre, derrière le slogan Peli poikki (« Cessez ce jeu ! »). Ils étaient environ 15 000 à Helsinki. Le premier ministre, Juha Sipilä (parti du Centre) a participé à la manifestation de Kuopio et exprimé peu après, sur la radio publique YLE, sa volonté de changer la législation finlandaise concernant les groupes extrémistes.

La classe politique finlandaise a condamné  publiquement les violences perpétrées par les groupes néonazis. Les événements soulèvent des questions plus délicates comme celle des liens (plus ou moins) passés  entre certains membres des Perussuomalaiset et des groupes d’extrême droite, mais aussi celle de tensions nouvelles dans la société finlandaise toujours prise dans  un marasme  économique.

Marie Cazes

L’auteure est étudiante en deuxième année de master (en finnois) au Département d’Études Nordiques de l’Université de Caen Normandie.

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