Les pays nordiques sont généralement connus
pour être des modèles écologiques, scolaires et une exemplarité dans la vie
politique. En effet, sur les questions de transparence, corruption et autres
sujets qui font si fréquemment scandale sous nos latitudes, les pays nordiques
peuvent se vanter de figurer dans le haut du classement des pays les moins
corrompus au monde de l’organisation Transparency international. Dans son
rapport de 2016, le Danemark était pays le moins corrompu et le plus
transparent au monde, suivi respectivement
par la Finlande et la Suède. La Norvège n’arrive qu’en cinquième position, à
égalité avec les Pays-Bas et derrière la Nouvelle-Zélande[1].
Malgré cette réputation exemplaire, les pays
nordiques estiment qu’ils peuvent s’améliorer, comme peuvent en témoigner les
scandales (plus rares qu’en France) qui surviennent occasionnellement. Dernièrement
l’Islande a été un des pays les plus médiatisés avec la mise en cause de son
premier ministre de l’époque, Sigmundur Davíð
Gunnlaugsson, lors des
Panama papers. Il s’agissait de révélation de documents sur des sociétés
offshore pour évasion fiscale. Le Premier ministre a démissionné deux jours après
les révélations, suite aux fortes manifestations des citoyens et au fait que
son parti ne le soutenait plus.
La Suède a également connu
plusieurs cas de démission suite à des affaires. L’exemple le plus célèbre est
dans les années 1990 avec Mona Sahlin, alors ministre du travail, qui démissionne
suite au scandale de « l’affaire Toblerone». Elle avait acheté, avec sa carte
gouvernementale, pour un peu plus de 50 000 couronnes (soit environ 5 000
euros) pour des achats privés dont le chocolat qui a donné son nom au scandale.
L’affaire conclut par la suite à un non-lieu notamment parce qu’elle avait
remboursé plus que le montant initial.
En novembre 2016 dernier, le
Premier ministre finlandais, Juha Sipilä a été soupçonné de
« népotisme » lorsque son gouvernement a financé la société Terrafame.
Plusieurs membres de sa famille font parties de la direction de la société
Katera Stel qui a reçu des commandes importantes de la part de Terrafam.
Après plusieurs déclarations faites de la part de Sipilä au délégué juridique
du Parlement, aucune suite n’a été prise.
Toujours en Finlande, quelques
années auparavant, c’était un autre Premier ministre centriste, Matti Vanhanen,
qui avait été éclaboussé par des soupçons de corruption et trafic d’influence
dans les financements du parti du Centre et de campagnes électorales. Il avait
annoncé sa démission en décembre 2009 pour juin 2010.
En Norvège, c’est la
franco-norvégienne Eva Joly (connue pour avoir été juge en France dans des
affaires de corruption) qui a avait fait plusieurs scandales dans les années
2000. Par exemple, à l’époque fonctionnaire en tant que conseillère spéciale
pour le ministère de la Coopération, elle avait payé avec sa carte
professionnelle le restaurant et en plus un pourboire. C’est ce dernier point
qui est jugé extravagant par ses concitoyens norvégiens. Eva Joly avait aussi
fait scandale en faisant des notes de frais pour ses déplacements en taxi.
La transparence dans les pays
nordiques est un fait ancien et normalisé. Par exemple, en Suède, les notes de
frais des ministres sont consultables par n’importe quel citoyen. En Norvège et
en Finlande les déclarations de revenus et d’impôts sont publiques.
Les hommes et femmes politiques
nordiques ont beau démissionner plus ou moins rapidement lorsqu’ils sont pris
dans un scandale lié à la corruption, au trafic d’influence ou bien à la
mauvaise gestion de l’argent public, cela ne signifie pas pour autant un retrait définitif
de la vie politique. Il s’agit surtout de ne plus exercer une
fonction pour laquelle le peuple a donné sa confiance, le temps que la justice
rende son verdict, afin de ne pas ternir leur image et celle de leur fonction.
En règle générale, une fois blanchis, ils reviennent assez vite en politique et
réussissent souvent à obtenir de nouveau la confiance populaire dans les
scrutins. Les pays nordiques ne sont pas donc toujours parfaits mais leur
exemple reste certainement à suivre…
Marie Cazes
L’auteure est doctorante à l’Université de
Caen Normandie
[1] L’Islande arrive en
13ème position cf https://www.transparency.org/news/feature/corruption_perceptions_index_2016
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