Le
IIe congrès de l’Association pour les Études nordiques (APEN) s’est déroulé à Caen les 14-16 juin 2017.
Voici, avec deux semaines de recul (et de repos), quelques réflexions sur
l’événement et l’état des études nordiques en France.
Tout
d’abord, il faut constater la vitalité et la grande envergure du domaine en
question. Le congrès a réuni 90 personnes représentant 10 pays – tous les pays
nordiques, France, Angleterre, Belgique, Suisse et Russie. Les deux conférences
plénières et les 48 communications du congrès ont couvert plusieurs disciplines
appartenant aux sciences humaines et sociales. Une telle envergure est rendue
possible grâce à l’esprit d’ouverture qui, me semble-t-il, règne aujourd’hui
dans les études nordiques en France. Les sujets ne proviennent plus d’un canon
littéraire et culturel étroit, et les chercheurs reconnaissent de plus en plus
l’intérêt des démarches inter- et pluridisciplinaires.
Dans
le cas particulier du congrès de Caen, la grande envergure géographique et
disciplinaire s’explique aussi par l’extension des réseaux de contacts
institutionnels et personnels, et par la volonté de les mettre au service de
toute la communauté. Nous sommes tous plus connectés qu’avant et chaque nœud de
réseau est une voie d’accès à l’information et aux discussions qui enrichissent
notre travail. Ces voies nous mènent non pas uniquement plus loin dans
l’histoire et l’actualité des pays nordiques, mais aussi vers les pays
limitrophes de l’espace baltique ou de Barents par exemple. Ce sont des
ouvertures tout à fait bienvenues.
Aujourd’hui,
le monde nordique en France est polycentrique, avec plusieurs institutions situées
dans des villes différentes et qui mènent des politiques de recherche actives.
Il héberge en son sein des chercheurs avec une formation universitaire française
mais aussi d’autres issus de traditions académiques diverses, dont la
nordique est bien représentée. Cette diversité fait coexister des démarches, des
méthodes et des pratiques différentes. Dans le meilleur des cas, une démarche
de découverte d’une culture étrangère dialogue avec une démarche
d’autoréflexion critique issue de l’intérieur de cette même culture. La
recherche ne saurait avancer sans les deux.
En écoutant les communications, j’ai cherché une métaphore capable d’exprimer
en même temps la diversité et la cohérence des études nordiques en France en
2017. Je n’ai pas trouvé mieux que l’image d’une mosaïque stratifiée. Cinq États
indépendants et plusieurs régions avec un statut particulier ; une
multitude de langues ayant un statut officiel ; des cultures majoritaires
et minoritaires, millénaires ou ayant récemment émergé ; une histoire qui
remonte à 5000 ans (au moins) et crée de la cohésion mais aussi des
divergences ; plusieurs méthodes, théories, disciplines, connaissances qui
sont nécessaires pour apprendre à comprendre ce monde… et pourtant un sentiment
de cohérence, de partage qui ressort à chaque instant. On respire bien.
Merci à tous les participants et à toutes les personnes ayant contribué
à l’organisation du congrès ! Rendez-vous pour le IIIe congrès à
Strasbourg en 2019.
Le blog part en vacances et revient à la rentrée. Merci à nos lecteurs
et bon été à toutes et à tous !
Harri Veivo
L’auteur est professeur au Département d’études nordiques de
l’Université de Caen Normandie.
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