mardi 15 mars 2016

La Finlande et la crise migratoire



Depuis l'été 2015, la Finlande a connu une importante augmentation de demandeurs d'asile due aux différentes crises et guerres au Proche et Moyen-Orient. Alors qu'en 2014 et durant les années précédentes, la Finlande ne recevait qu'environ 3 500 réfugiés, en 2015, 32 476 personnes ont demandé l'asile politique au pays des mille lacs. Une hausse si soudaine du nombre de migrants a, comme dans d'autres pays européens, suscité des réactions diverses de la part de la population et une inquiétude concernant l’évolution de la société.

Effectivement, au début de l’automne entre trente et quarante personnes avaient reçu un car de réfugiés arrivant à Lahti en leur jetant des cailloux et des pétards, un des manifestants était même habillé avec la robe et le chapeau du Ku Klux Klan. Cette action a été vivement condamnée par le gouvernement et jugée comme un cas isolé. Cependant, des citoyens finlandais ont formé une garde civique, du nom de Soldats d'Odin (on notera la référence à la mythologie scandinave dont la Finlande n'est pas héritière) pour assurer la sécurité dans les villes en faisant des patrouilles. Ils organisent également des manifestations anti-immigrés avec pour slogans « les immigrés ne sont pas les bienvenus » et « fermez les frontières » et sont présents dans vingt-trois villes dans tout le pays. Cette organisation s’est vue moquée par les Loldiers of Odin, un groupe de clowns professionnels, qui perturbent les manifestations anti-immigrés en marchant et dansant avec des pancartes se moquant des slogans des sympathisants néo-nazis.
Pourtant, début septembre, le Premier ministre, Juha Sipilä, avait promis, sur une idée de son épouse, d'héberger une famille de réfugiés dans sa maison à Kempele (situé juste au sud d'Oulu) puisqu'il réside dans son logement de fonction à Helsinki. Ce qui n’est pas encore fait à l’heure actuelle en raison de problèmes de sécurité qui devraient être résolu sous peu.
Depuis début février environ 4 100 migrants ont annulé leur demande d’asile pour des raisons diverses, comme des problèmes familiaux ou une déception avec la vie en Finlande : ils ne se sentent pas les bienvenus ou il fait trop froid ou bien ils n’aiment pas la gastronomie finlandaise.
Certes des réfugiés sont déçus par l’accueil, les centres d’hébergement ont été multipliés par dix, des réactions xénophobes sont bien présentes, les relations entre la Finlande et la Russie se tendent sur la question des migrants arrivant de la Fédération mais il y a quand même des événements positifs. Par exemple cette histoire relayée par Yle (radio et télévision publique nationale de Finlande), de Linnéa, une veuve finlandaise de 80 ans  qui reçoit l’aide d’Ali, un réfugié iraquien. Tous deux apprennent à connaître la culture de l’autre et Linnéa dit le considérer comme son petit-fils. Ils intervenaient le 2 mars dans un débat télévisé sur l’insécurité où Ali expliquait que les Finlandais devraient essayer de communiquer avec les étrangers arrivant dans leur pays avant de les juger.
Un fait intéressant pour conclure, le Partis des Finlandais (parti national-populiste, eurosceptique et anti-immigration) a fortement chuté dans les sondages. Il avait obtenu 17,7% des voix en avril 2015 et en février 2016 il ne reçoit que 9% de soutien dans les sondages.

Marie Cazes
L’auteure est étudiante en deuxième année de master (en finnois) au Département d’Études Nordiques de l’Université de Caen Normandie.

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