Depuis l'été 2015, la Finlande a connu une
importante augmentation de demandeurs d'asile due aux différentes crises et
guerres au Proche et Moyen-Orient. Alors qu'en 2014 et durant les années
précédentes, la Finlande ne recevait qu'environ 3 500 réfugiés, en 2015, 32 476
personnes ont demandé l'asile politique au pays des mille lacs. Une hausse si
soudaine du nombre de migrants a, comme dans d'autres pays européens, suscité
des réactions diverses de la part de la population et une inquiétude concernant
l’évolution de la société.
Effectivement, au début de l’automne entre trente et
quarante personnes avaient reçu un car de réfugiés arrivant à Lahti en leur
jetant des cailloux et des pétards, un des manifestants était même habillé avec
la robe et le chapeau du Ku Klux Klan. Cette action a été vivement condamnée
par le gouvernement et jugée comme un cas isolé. Cependant, des citoyens finlandais
ont formé une garde civique, du nom de Soldats d'Odin (on notera la référence à
la mythologie scandinave dont la Finlande n'est pas héritière) pour assurer la
sécurité dans les villes en faisant des patrouilles. Ils organisent également
des manifestations anti-immigrés avec pour slogans « les immigrés ne sont
pas les bienvenus » et « fermez les frontières » et sont
présents dans vingt-trois villes dans tout le pays. Cette organisation s’est
vue moquée par les Loldiers of Odin, un groupe de clowns professionnels, qui
perturbent les manifestations anti-immigrés en marchant et dansant avec des
pancartes se moquant des slogans des sympathisants néo-nazis.
Pourtant, début septembre, le Premier ministre, Juha
Sipilä, avait promis, sur une idée de son épouse, d'héberger une famille de
réfugiés dans sa maison à Kempele (situé juste au sud d'Oulu) puisqu'il réside
dans son logement de fonction à Helsinki. Ce qui n’est pas encore fait à
l’heure actuelle en raison de problèmes de sécurité qui devraient être résolu
sous peu.
Depuis début février environ 4 100 migrants ont
annulé leur demande d’asile pour des raisons diverses, comme des problèmes
familiaux ou une déception avec la vie en Finlande : ils ne se sentent pas
les bienvenus ou il fait trop froid ou bien ils n’aiment pas la gastronomie
finlandaise.
Certes des réfugiés sont déçus par l’accueil, les
centres d’hébergement ont été multipliés par dix, des réactions xénophobes sont
bien présentes, les relations entre la Finlande et la Russie se tendent sur la
question des migrants arrivant de la Fédération mais il y a quand même des
événements positifs. Par exemple cette histoire relayée par Yle (radio et
télévision publique nationale de Finlande), de Linnéa, une veuve finlandaise de
80 ans qui reçoit l’aide d’Ali, un
réfugié iraquien. Tous deux apprennent à connaître la culture de l’autre et Linnéa
dit le considérer comme son petit-fils. Ils intervenaient le 2 mars dans un
débat télévisé sur l’insécurité où Ali expliquait que les Finlandais devraient
essayer de communiquer avec les étrangers arrivant dans leur pays avant de les
juger.
Un fait intéressant pour conclure, le Partis des
Finlandais (parti national-populiste, eurosceptique et anti-immigration) a
fortement chuté dans les sondages. Il avait obtenu 17,7% des voix en avril 2015
et en février 2016 il ne reçoit que 9% de soutien dans les sondages.
Marie Cazes
L’auteure est étudiante en deuxième année de master
(en finnois) au Département d’Études Nordiques de l’Université de Caen
Normandie.
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