Depuis lundi 14 mars,
Anders Behring Breivik est de retour devant les tribunaux norvégiens concernant
ses conditions de détention. Rappelons rapidement les faits : Anders
Behring Breivik fut condamné à 21 ans d’emprisonnement suite à ses attaques
terroristes perpétuées le 22 juillet 2011, l’une contre le quartier
gouvernemental à Oslo, et la seconde dans un camp de la Ligue des Jeunes
Travaillistes organisé sur l’île d’Utøya. Au total, 77 personnes furent tuées
dans les deux attaques. Détenu en isolement à la prison de Skien, Breivik
souhaite donc faire appel au motif que ses conditions d’emprisonnement sont inhumaines
et enfreignent les droits de l’Homme. Depuis son ouverture, le procès a une
grande répercussion en Norvège et ravive des blessures.
Le sujet de l’article ne
concerne cependant pas Behring Breivik mais la polémique née de la
commémoration de l’événement.
Le gouvernement norvégien,
représenté par Jan Tore Sanner, ministre communal (l’équivalent des
collectivités territoriales en France), et Linda Hofstad Helleland, ministre de
la culture, a validé le 16 mars 2016 la nouvelle maquette prévoyant la création
d’un monument en mémoire des victimes des attentats du 22 juillet. Ce projet, en
chantier depuis cinq ans, a déjà avorté par deux fois faute d’accord entre le
comité pour la construction d’un monument commémoratif et la population locale.
Le nouveau projet, confié
à l’artiste suédois Jonas Dahlberg, prévoie la création d’un parc à Sørbråten,
dans la commune de Hole (nord-ouest d’Oslo), avec des passages souterrains et d’autres,
ouverts sur la mer. La population voisine se montre toujours réticente envers
la création près de chez eux du monument lié au 22 juillet. Interrogés par la
radio et télévision nationale, NRK, ils ont déclaré que cela ne ferait que
« raviver le traumatisme de ceux qui étaient les témoins innocents de la tragédie
du 22 juillet ». Les habitants autour de Sørbråten préféreraient oublier
ce qu’il s’est passé ce jour-là.
Outre l’aspect
psychologique, les conséquences environnementales sont également soulevées ;
pour créer l’ouverture sur la mer, il faudrait en effet casser entre
3 et 4 kilomètres de roche du cap de Sørbråten pour créer le passage. Les
habitants ne mâchent pas leurs mots et considèrent cet acte comme « un viol
contre la nature ». La population souhaite donc intenter un procès afin de
stopper le projet, alors que le ministre communal déclarait officiellement que la
construction du parc avait pour but de rassembler la nation et la société
norvégienne. La présidente du groupe de soutien aux victimes du 22 juillet, Lisbeth
Røyneland, se dit également ravie de la création d’un tel lieu.
La tenue d’un procès
contre la construction du parc reste incertaine, alors que la fin des travaux
est prévue en 2017.
Claire Guyennot
L’auteure est étudiante
en deuxième année de master, en norvégien, au Département d’Études Nordiques de
l’Université de Caen Normandie.
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