La description du serpent de mer est basée sur des témoignages des pêcheurs et des commerçants qui arpentaient les côtes norvégiennes. Les sources d’Olaus Magnus confirment unanimement l’existence d’un tel animal. Le serpent de mer qui mesurait 200 pieds (environ 60 mètres), vivait dans des grottes sur les côtes à proximité de Bergen. Son apparence avait de quoi faire peur ; une longue crinière, d’écailles noires et des yeux rouges comme du feu. Pendant les nuits claires de l’été, il sortait de sa grotte pour manger non seulement des animaux marins, mais aussi des veaux, des agneaux et des cochons. Le serpent attaquait parfois les navires le long des côtes et pouvait même avaler des humains. La créature se tenait alors comme un pilier dans la mer, annonçant alors un malheur pour le pays. Selon Olaus Magnus, ce genre d’incident signifiait qu’un changement allait se produire ; qu’un souverain allait mourir ou être chassé du pays ou bien qu’une guerre serait immédiatement déclenchée.
Pour démontrer que le serpent de mer a la capacité de présager des catastrophes pour le royaume de Norvège, Olaus Magnus évoque un incident qui s’est produit en 1522. Un serpent vivant dans une île dans l’est du pays, près de la ville de Hamar, s’est élevé au-dessus des vagues. Il s’est ensuite enroulé pour prendre la forme d’une balle dans l’air et, peu de temps après, le roi Christian a été destitué et une persécution des prélats a été déclenchée.
Depuis ces événements qui ont marqué l’histoire de la Norvège, la recherche sur la faune marine a beaucoup évoluée, et nos peurs des monstres de mer se sont éclipsés. Mais en février 2017, un animal jusque-là inconnu dans la Mer de Norvège est apparu sur la côte près de Bergen ; il s’agissait d’une baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris), cétacée vivant normalement beaucoup plus au sud. Selon le quotidien Aftenposten, la baleine ne voulait plus prendre le large ; les tentatives de la guider vers la mer ont donc échoué. Supposant qu’elle était malade, les scientifiques ont été obligés de la tuer. L’autopsie a montré que l’estomac de la baleine était plein de plastique ; 30 sacs bloquaient son système digestif. Les scientifiques ont confirmé à l’Aftenposten que le squelette de la baleine sera exposé au muséum d’histoire naturelle de Bergen, mais ils n’ont pas profité de cet événement pour faire connaître l'avenir du royaume. Paradoxalement, les chercheurs ont moins de mal à identifier les animaux marins arrivant sur les côtes, mais en même temps, ils ont perdu le réflexe de faire de présages.
Jørn Riseth
L’auteur est Maître de Langue de Norvégien au Département d’Études Nordiques de l’Université de Caen Normandie et Doctorant à l'école doctorale 558 Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage / Université de Caen Normandie.
J'aime bien ce genre d'histoires qui rapprochent des époques éloignées. Dans le 28 minutes d'Arte, chaque soir un sympathique historien, Laurent Mauduit, pratique des télescopages de ce genre.
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