samedi 30 septembre 2017

L’exceptionnelle popularité du président finlandais

En Finlande, les prochaines élections présidentielles se tiendront le 28 janvier pour le premier tour et potentiellement le 11 février pour le second tour. En effet, plus de cinq ans et demi après son élection en janvier 2012, Sauli Niinistö, actuel président et candidat à sa propre succession, est crédité de 68% d’intentions de vote dans le dernier sondage du Helsingin Sanomat. Depuis plusieurs années déjà, sa cote de popularité oscille entre 60% et 70% d’opinion favorable et/ou d’intentions de vote, en fonction des questions posées lors des sondages. Un chiffre à faire pâlir d’envie les derniers (et l’actuel) présidents de la République française.

Ce qui est surprenant dans le soutien à Sauli Niinistö, c’est qu’il transcende les partis. Effectivement, si en 2006 et en 2012, il s’était présenté comme candidat de son parti, la Coalition nationale (parti centre-droit libéral et conservateur), cette année c’est en candidat libre qu’il se présente. Pour ce faire, il avait besoin d’un soutien minimum de 20 000 signatures, et il en a obtenu environ 156 000, ce qui représente plus que le nombre d’adhérents du Parti du Centre, qui est le parti comprenant le plus d’adhérents encartés en Finlande. Ce qui montre que sa popularité dépasse le simple cadre partisan.

Les mauvaises langues diront que l’épouse du président finlandais est beaucoup plus jeune que lui (40 ans tandis que Sauli Niinistö en a 69) ou que le buzz provoqué par son chien, Lennu, en décembre dernier[1] ont renforcé son capital sympathie auprès des citoyens finlandais. Les explications doivent être trouvées ailleurs.

En Finlande, les pouvoirs présidentiels diffèrent de ceux de la France dans la mesure où ils touchent principalement aux questions de politique étrangère . Ces fonctions permettent au président de prendre peu de mesures impopulaires ou controversées, contrairement au gouvernement. Par conséquent, Sauli Niinistö a reçu très peu de critiques négatives de la part des médias, qui préfèrent les porter sur les réformes du gouvernement.

Cependant, la popularité de Niinistö reste exceptionnelle. Si depuis trente ans les Finlandais ont l’air d’aimer la stabilité en choisissant de réélire leurs présidents[2], tous ne sont pas si apprécié-e-s. Par exemple, l’ancienne présidente, Tarja Halonen, bien que populaire, ne jouissait pas d’un soutien aussi fort, et sa réélection en 2006 (face à Niinistö) était assez serrée, avec un résultat de 51,79% au second tour.


Marie Cazes, l’auteure est doctorante à l’Université de Jyväskylä et à l’Université de Caen-Normandie.



[2] Sauf en 2000 où Martti Ahtisaari ne se représentait pas, mais Tarja Halonen, qui est élue cette année-là, est également issue du Parti Social-démocrate.

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