Le 18 septembre dernier, la presse hexagonale
écrivait que, pour la première fois, un porte-conteneur a pu
traverser l’Arctique. Il s’agit d’un navire sous pavillon
danois, le Venta Maersk, qui, suivant le sillage d’un brise-glace
russe, est parti de Vladivostok en Russie le 22 août et a terminé
son périple dans l’ancienne capitale de l’Empire russe,
Saint-Pétersbourg, le 27 septembre.
Ce voyage, de nature avant tout scientifique, a
profité de conditions favorables, notamment grâce à la fonte des
glaces estivales. Le bateau était déjà sorti de l’Océan
Arctique au moment où la banquise a commencé son expansion
hivernale (autour du 19 septembre). Même s’il est normal qu’à
cette période de l’année, la glace ait peu de prise sur la mer, le
réchauffement du climat entraîne une diminution de la superficie de
la glace d’année en année (l’extension maximale passant de 12,5
million de km² de glace à un peu moins de 10,5 millions de km²
entre 1979 et 2017 d’après le NSIDC)1.
Si la superficie de la glace diminue, le fait
qu’un porte-conteneur traverse sans encombre l’océan
septentrionale marque une nouvelle étape des ambitions des nations
environnantes, notamment la Russie, qui pourrait trouver une voie
pour rentabiliser son commerce maritime. La Norvège, qui a également
un accès dans les mers nordiques, pourrait tirer son épingle du jeu
si un flux commercial se mettait en place à cet endroit. Le
Danemark, via le Groenland, souhaite également conserver la main sur
une potentielle zone incontournable stratégiquement et riche en
ressources naturelles. Il est également intéressant de constater
l’intérêt de nations plus lointaines, qui n’ont aucun contact
direct avec la zone, comme la Chine ou encore d’autres pays de
l’Union Européenne.
Dans cette perspective, les enjeux commerciaux
accroissent naturellement les rivalités entre les différents
acteurs. Celles-ci ont, par exemple, tendance à se matérialiser à
travers les différents exercices militaires aussi bien du côté de
l’OTAN que de la Fédération de Russie, à proximité des
frontières et de la Russie et de la Norvège. Dans le même temps,
le développement des activités humaines dans cet espace augmente également la pollution dans les fragiles écosystèmes
arctiques. Cette pollution est d’abord de nature visible, comme les
tonnes de déchets, plastiques notamment, qui s’amoncellent et qui
sont ramassés par des volontaires au Svalbard (Norvège). Elle est également
de nature invisible, causant la destruction et l’empoisonnement
d’espèces vivantes locales2.
Seul l’avenir nous dira, si, par sa traversée
historique, le Venta Maersk inaugura la route commerciale arctique et
si, par incidence, l’intérêt pour l’Arctique et ses ressources
théoriquement abondantes fût une chimère ou bien une étape
concrète, permettant de soutenir et de prolonger la vie du modèle
économique et de consommation actuel dans le monde.
Julien Neuville
L'auteur est étudiant en master 2 à l'université de Caen-Normandie.
1 Voir
:
https://global-climat.com/2018/09/29/la-glace-de-mer-arctique-fragilisee-tout-au-long-de-lannee/
(consulté le 15.11.2018)
2 Voir :
https://thebarentsobserver.com/en/ecology/2018/08/i-could-never-believe-it-was-bad ;
https://thebarentsobserver.com/en/ecology/2018/07/polar-bears-eastern-barents-sea-have-more-chemical-pollutants ;
https://thebarentsobserver.com/en/2018/08/fish-disappears-great-arctic-river-locals-point-finger-oil-industry
(consulté le 15.11.2018)
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